Comment racontera-t-on la shoah quand il n'y aura plus de survivant ? C'est la question que se pose Joseph Morder avant de s'inspirer des mémoires de déportation de sa mère pour réaliser La Duchesse de Varsovie.

Travail de mémoire, absolue nécessité de la transmission, telles sont les deux thématiques abordées dans ce film à la forme audacieuse. Il faut en effet de l'audace pour décider de recréer un Paris fantasmé, celui des grandes comédies musicales des années 50, peint pour l'occasion sur d'immenses toiles servant de décor à un récit à huis-clos, théâtral et intime. On retrouve là ce qui fit la singularité du magnifique dernier film d'Alain Resnais. Moins enlevé, moins ludique et moins habile, le film de Joseph Morder n'en demeure pas moins touchant et plein de charme.

Si l'on peine un peu à entrer dans l'univers recréé pour nous, si les dialogues très écrits, la diction née de la scène plutôt que tu plateau, nous rebutent un peu, on est vite gagné par la désuétude d'un film qui joue toujours la carte de la tendresse et de la légèreté pour aborder les drames du ghetto et de la déportation.

Archétypes dramatiques à belle valeur symbolique, la grand-mère polonaise et son petit-fils peintre en pleins questionnements, illustrent joliment la force du lien inter-générationnel, l'importance de l'échange, du partage, du récit. Se raconter c'est aussi partager. Raconter une épreuve inracontable c'est la partager avec tous.

Complices et délicieux, Alexandra Stewart et Andy Gillet servent avec conviction un film d'artisan, humble et sincère.
pierreAfeu
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste 2015 • Film par film

Créée

le 19 févr. 2015

Critique lue 329 fois

3 j'aime

1 commentaire

pierreAfeu

Écrit par

Critique lue 329 fois

3
1

D'autres avis sur La Duchesse de Varsovie

La Duchesse de Varsovie
PatrickBraganti
3

Mémoire figée

L’idée qui semble être le fil directeur du film n’est pas inintéressante : comment le passé enfoui et caché de Nina, sa grand-mère juive polonaise émigrée pèse sur les frêles épaules de son...

le 2 mars 2015

1 j'aime

La Duchesse de Varsovie
Jihel
4

Une Duchesse aimable mais un tantinet artificielle.

Le film est surprenant. Quel curieux parti pris que de vouloir faire dialoguer deux acteurs devant des décors peints et parfois les faire parler à des personnages eux-mêmes peints. L'histoire est un...

le 21 mars 2015

Du même critique

Nocturama
pierreAfeu
4

The bling ring

La première partie est une chorégraphie muette, un ballet de croisements et de trajectoires, d'attentes, de placements. C'est brillant, habilement construit, presque abstrait. Puis les personnages se...

le 7 sept. 2016

51 j'aime

7

L'Inconnu du lac
pierreAfeu
9

Critique de L'Inconnu du lac par pierreAfeu

On mesure la richesse d'un film à sa manière de vivre en nous et d'y créer des résonances. D'apparence limpide, évident et simple comme la nature qui l'abrite, L'inconnu du lac se révèle beaucoup...

le 5 juin 2013

51 j'aime

16

La Crème de la crème
pierreAfeu
1

La gerbe de la gerbe

Le malaise est là dès les premières séquences. Et ce n'est pas parce que tous les personnages sont des connards. Ça, on le savait à l'avance. Des films sur des connards, on en a vus, des moyens, des...

le 14 avr. 2014

41 j'aime

21