La Faim
7.3
La Faim

Film de Henning Carlsen (1966)

Per Oscarsson est un acteur étrangement inconnu, car dans ce film, il crève complètement l'écran. On suit ses pérégrinations, peuplée d'hallucinations évoquant parfois des films comme Der letzte Mann de Murnau, pour s'en sortir.

C'est palpitant, on se demande tout le temps comment il va faire pour s'en sortir, alors qu'il plonge encore et encore dans la misère. Le personnage, que l'on ne quitte jamais, devient fou sous nos yeux, on le connaît par cœur à la fin du film, et pourtant, jamais on ne le comprend. Tantôt il est généreux, tantôt il surréagit, ici encore il semble irrémédiablement fou et agressif...

Et surtout, est-il quelqu'un dans cette ville? Régulièrement, des gens le croisent, le reconnaissent... Lui fait tout pour garder la face, pas question de s'avouer vaincu par la misère qui le guette. Et pourtant... A-t-il vraiment du talent? N'est-ce pas la aussi son ultime hallucination, qu'il imagine entre deux conversations où il se fait passer pour un Rotschild?

Pourtant, le film ne sombre pas dans le misérabilisme de bas-étage. Parce que Gunnel Lindblom est rayonnante, ses rencontres avec l'écrivaillon constituent autant de passages ensoleillés dans cette vie morne, livrant des scènes intenses de sincérité, et d'amour.

Un film touchant, très juste sur la pauvreté, et la dignité. Une grande analyse des rapports humains. Dommage quand même que l'image, généralement belle dans un noir et blanc assez esthétisé, ne suive pas toujours le niveau des acteurs.
W_Wenders
7
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le 17 févr. 2015

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