Kirill Serebrennikov est un réalisateur qui a su se faire remarquer au cours de ces dernières années, que ce soit avec Leto, un biopic musical dramatique sur un groupe de rock soviétique, ou encore La fièvre de Petrov film, fantastique métaphorique de la chute de l’union soviètique. Ce réalisateur a su, au travers de ces dernières œuvres, peindre un portrait de l’histoire russe qui a toujours su faire son effet au Festival de Cannes au sein duquel on le remarque pour la première fois en 2016, avec Le disciple dans la catégorie un certain regard, et depuis quand tout ces films sont présent. Je ne compte plus le nombre de fois où des amis fan de cinéma d’auteur m’ont dit des phrases comme «Regarde Leto c’est le film le plus solaire que j’ai vu», «La fièvre de Petrov ça a été une immense claque cinématographique». Aussi le jeune étudiant en cinéma que j’étais, se sentais frustré de ne pas avoir vu un seul film de ce réalisateur russe qui marquait tant les esprits. Ainsi à l’apparition au festival de Cannes d’un nouveau film de sa part, qui selon de nombreuse critique avait sa place tracé pour la palme d’or, je me suis promis à moi même de voir ce film en salle afin de découvrir en beauté le cinéma dont on m’avait tant vanté les mérites.


Arrive donc le festival du film de Sarlat au cours duquel La femme de Tchaïkovski est diffusé en avant première (sans la présence du réalisateur à mon plus grand regret). Armé de mon accréditation je vais donc à la première séance à laquelle je peux assister, rentre dans la salle obscur et m’endors sous le coup de la fatigue de la semaine (c’est effectivement très peu glorieux). Cependant le peu que j’ai pu voir du film m’a marqué et je savais que je passait à coté de quelque chose. Aussi armé d’un bonne nuit de sommeil j’y suis retourné dés le lendemain et ai finalement regarder les 2h23 du film. La salle de cinéma possède quand même cet effet assez prodigieux de rendre grandiose les films qui sont projeté et ainsi de sublimer certain d’entre eux, c’est le cas de La femme de Tchaïkovski qui a su m’offrir des images qui resterons gravé en moi très longtemps.


Mais retraçons le film du début, nous suivons Antonina Miliukova qui s’éprend pour Piotr Tchaïkovski célèbre compositeur moscovite. Il accepte de l’épouser mais va vite se rendre compte qu’il a fait une erreur et donc demander le divorce. L’amour que porte Antonina va vite devenir une obsession rendant Antonina prête à tout pour se rapprocher de son ex mari. Avec cette histoire Kirill Serebrennikov nous montre une Russie au sein de laquelle la bourgeoisie peut faire tout ce qu’elle désire tandis que les plus pauvres sont obligés de s’accrocher à des rêves de richesse afin de survivre. Le personnage d’Antonina vient à l’origine d’un classe moyenne côtoyant la bourgeoisie qui va sombrer à cause de son mariage (ou plutôt de son divorce) dans un pauvreté de plus en plus présente. La personnage devient alors de plus en plus folle, de plus en plus obsédé par Piotr alors qu’elle ne voit plus ce dernier. Ce personnage complètement atteinte d’érotomanie (affectée par l'illusion délirante d'être aimée) nous dépasse, il nous est quasiment impossible de s’attacher à elle et pourtant elle nous fascine et nous terrifie de pars sa volonté inébranlable d’atteindre son objectif. Cette folie est totale dans cette dernière séquence que j’aborderais plus tard. Concernant les personnages secondaires tel que Piotr Tchaïkovski, le film dénonce le fait que les grands artistes peuvent faire ce qu’ils veulent sans que personnes ne les déranges, aussi on ne verra que très peu à l’écran ces actions et nous n’en entendrons que les ragots car Piotr est inatteignable et que, par conséquence, on ne peut juger ses actions. Les autres personnages ne sont que très secondaire, le personnage dont on a le point de vue n’a des yeux que pour Piotr et ne perçois donc qu’à peine les autres personnages. Ainsi nous somme vraiment encré dans la vision du personnage qui devient de plus en plus folle, ce qui ne me déplaît pas car j’ai toujours beaucoup aimé les films dit de «descente aux enfer» car la mise en scène autour est toujours intéressante.


Parlons maintenant de mise scène, le film commence et très vite arrive un plan séquence très significatif afin de nous faire vivre l’instant présent en même temps que le personnage tout en nous mettant dans son point de vue de la mort de son mari (le film s’ouvre sur ça) qui malgré sa mort va nous faire comprendre le film. Le film va ainsi avoir de nombreux autres plans séquences tous plus réussis les uns que les autres jusqu’à un plan d’une force incroyable pour conclure le film. J’ai toujours aimé les plans séquences car il me font toujours me dire «Wow ça c’est du cinéma» aussi il m’est difficile de rester calme face à un film qui en propose des sublimes avec des jeux dans l’espace temps lors de ceux ci. En plus de cela le réalisateur (avec son chef opérateur) ont fait un choix très judicieux, pour montrer la folie grandissante du personnage, à savoir l’obscurcissement de l’image. En effet au début du long métrage, après sa première séquence qui dans la diégèse est en fait la fin, les couleurs sont plutôt chaude avec du jaune orangé, puis les couleurs vont se perdre pour transformer le tout en un gris noirâtre monotone montrant le désespoir de Antonina qui n’est que de plus en plus présent. Ce n’est pas la mise en scène la plus novatrice qu’il ai été fait mais elle fonctionne très bien, permettant d’instaurer une ambiance pesante qui encore une fois sait me séduire. La mise en scène nous dérange car elle nous fait suivre lors de plans généralement très long un personnage malsain et mal dans sa peau. Ainsi nous somme constamment avec elle et vivons presque tout en temps réel avec très peu de coupure pour nous permettre de respirer. De plus l’interprétation de Alyona Mikhailova, jusqu’ici vu uniquement dans une série Russe, est marquante et elle incarne à la perfection la jeune femme érotomane. Le final nous entraîne à son tour dans un show dansé hors du commun nous montrant la folie du personnage et surtout à quel point celle ci est perdue et manipulé, le tout dans une musique magnifique. Parlons de la musique cela semble anodin mais elles sont quasi toute écrite par Tchaïkovski en plus d’être cohérent cela montre que le personnage ne peut se passer de son compositeur qu’elle chérie tant. Cependant les quelques une non écrites par Piotr accompagne à la perfection l’image et l’ambiance du film sublimant ainsi le tout.

En clair La femme de Tchaïkovski est un film qui a su me séduire de par son ambiance pesante et oppressante, son image sombre et significative, sa mise en scène remplis de plan magnifique et permettant d’incarner le personnage, son jeu d’acteur fantastique, sa musique forte et accompagnatrice du film. Le film ne plaira pas à tout le monde en effet comme dit précédemment les plans sont long et l’histoire peut en ennuyer certain. Cependant il a su me faire découvrir et apprécié le travail d’un réalisateur talentueux dont j’ai hâte de voir les précédant et prochain films.

Toluge
9
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le 20 nov. 2022

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