Critiquer un film que l'on n'a pas compris est un défi comme un autre. J'aime les défis.

Après avoir traversé un passage à vide dont on méconnaît les détails, un écrivain américain en panne d'inspiration (Ethan Hawke) débarque en France pour tenter de récupérer la garde de sa fille. D'où vient-il exactement? Que lui est-il arrivé? Quelles sont les raisons qui l'ont motivé à quitter son Amérique pour prendre un nouveau départ en France, pays où il n'a, semble-t-il, aucune perspective? Pourquoi a-t-il perdu la garde de sa fille? Que lui vaut un si mauvais accueil de la part de son ex-femme lorsqu'il se rend à son domicile? Pourquoi semble-t-il lui inspirer méfiance et terreur? Toutes ces questions, et bien d'autres encore, resteront sans réponse.

L'idée de ne rien dévoiler du passé et de l'histoire du protagoniste est un parti pris intéressant, qui est exploité de manière assez pertinente dans la première moitié du film. Le personnage, qui ne possède qu'une petite valise à son arrivée en France, ne sait plus vraiment où il en est. Légèrement perdu, il se fait rapidement dépouiller et se retrouve dès lors totalement dépourvu de ce qui lui restait d'identité. Ce flou, instauré dès le début de l'intrigue, est parfaitement communiqué au spectateur qui ignore tout, et prend l'action en cours de route, à partir du moment où on nous la donne à voir.

Pourtant, cette piste du trouble et du questionnement identitaire est vite brouillée et se perd dans un amas de "phénomènes" étranges et inexplicables, qui ne font qu'accentuer la confusion dans laquelle spectateur et personnage sont plongés.

Alors que le film démarre plutôt bien, mettant en place une atmosphère singulière, faite de la convergence entre différents univers, mêlant paysages forestiers, appartements cossus, rencontres hasardeuses, monde intérieur de l'écrivain et délabrement urbain virant parfois au sordide; l'action prend ensuite un tournant qui fait basculer l'histoire dans un mauvais pastiche d'Angel Heart.
La pensée confuse du personnage prend le pas sur la rationalité et annihile toute perspective de réalité tangible. Le propos de départ disparaît soudain, et le film s'enlise dans un tourbillon d'incongruités qui ne trouveront là non plus aucune explication, ne faisant que laisser le spectateur dans l'incertitude la plus totale.

A la fin, plusieurs explications peuvent être envisagées pour justifier ce chaos scénaristique, mais aucune piste n'est réellement élucidée, aucune solution n'est fournie, et le film verse définitivement dans l'abscons.

Pour conclure, après une première partie prometteuse quoique déroutante, la seconde partie fait prendre un virage regrettable à l'intrigue qui perd tout son intérêt et laisse le spectateur frustré, seul face aux questions que soulève le film sans y répondre.

Ce long-métrage, ambitieux mais inabouti, est donc beaucoup trop confus pour être convaincant. Reste cependant la belle interprétation d'Ethan Hawke, très investi, qui parvient habilement à faire oublier qu'il ne comprend pas ce qu'il joue.

williamblake
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le 18 nov. 2011

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