Après les excellents Un simple accident et Mon gâteau préféré le ciné iranien est en forme cette année
Écrit par Jafar Panahi (Real du simple accident), ce film très subtil et réussi est une nouvelle réussite d’un cinéma iranien réalisé clandestinement, ce qui renforce encore plus les choix de mise en scène et le point de vue déjà réussi sans ce contexte
Le film, sur une femme témoin du meurtre de sa fille adoptive par son mari mais empêchée de le raconter par plusieurs personnes que la société encourage à faire taire, est un drame autant qu’un thriller sobre mais par moments vraiment marquant sans forcer
J’ai déjà beaucoup aimé la réalisation: le cinéaste étant sobre mais ayant sa patte avec des plans qui séparent les persos, qui les entourent de cadres et de miroirs ou qui tournent sur eux-mêmes afin de décrire différents points de vue notamment; une mise en scène épurée mais rempli de personnalité, surtout dans sa 1ere moitié
Car on pourra reprocher au film d’être moins fort dans sa démarche de sobriété dans sa 2ème moitié (une fois la femme abandonnée sur une route déserte avant qu’elle ne revienne chez elle), ainsi que sa manière d’un peu se disperser en voulant aborder beaucoup de thèmes et d’idées dans ces moments (avec aussi la présence du fils, moins subtilement écrit malgré son rôle essentiel qui sert à montrer comment les gens normaux, se sentant redevants, peuvent valider et soutenir le pire du régime des mollahs)
Mais le propos même du film et les thèmes qui y sont abordés reste d’une grande justesse (qui évite les facilités de 7 jours par exemple) tout du long, tout comme la force du portrait de cette mère, personnage de tous les plans qui provoque respect et fascination
Et le film arrive à se « rattraper » grâce à son dernier quart d’heure magistral de subtilité
Si cette fin peut paraître au départ sombre (montrant comment la violence des mollahs contaminent même les pacifiques), un élément inattendu renverse les événements, comme si le Real refusait la violence et la haine, finissant son film par des plans magnifiques montrant à la fois l’émancipation des femmes dans ce pays ultra-patriarcal et meurtrier (où il est autorisé de tuer sa femme si elle trompe son mari) via la danse, et montrant de manière quasi divine la manière dont les jeunes générations représentent un futur meilleur pour l’Iran, juste avant une série de vidéos amateurs montrant la répression (certaines personnes filmées sont mortes en 2022) mais également des femmes qui dansent en signe de révolte, finissant le film sur une succession de grands moments qui rende finalement le film essentiel et pleinement réussi