Home Sweet Home
6.8
Home Sweet Home

Film de Benoit Lamy (1973)

Quarante ans après les élèves de Jean Vigo, deux ans après les nains de Werner Herzog et deux ans avant les fous de Milos Forman, nos amis Belges s'en donnent à coeur joie avec une rébellion chez les nonagénaires, une révolution du croulant, du décati, de l'abandonné infantilisé pour vieillerie, saine réaction que nos chers epahdistes actuels n'ont malheureusement plus la force d'avoir, ce qui en dit plus sur notre époque qu'on veut bien le dire...


En 1973, dans des temps plus civilisés, donc, quand une autorité débile essaie d'imposer un couvre-feu inique ou oblige à remplir de la paperasse pour avoir le droit de faire un tour dehors, le citoyen, aussi décrépit qu'il soit, a encore la seule réaction saine possible, à savoir envoyer balader la paperasse et l'autorité avec pour sortir boire un verre de Jupiler en se fichant pas mal du regard oblique des passants honnêtes qui les reluquent sur la voie publique que l'on traverse alors allègrement et en fauteuil en dehors des clous.


De là à dire que nos amis Belges sont moins dégénérés que de part chez nous il n'y a qu'un pas que je n'oserai franchir n'était le cousinage certain entre Belge et Bourguignon. Cousinage étant, je me permets donc de traverser gaillardement le Rubicon et d'affirmer une fois de plus la supériorité évidente des peuples bourguignons sur le reste de ce qu'on appelle avec douleur et difficulté l'humanité.


Et pour s'en convaincre, il suffit de dépasser l'ignoble jaquette du DVD pour se plonger dans ce petit bijou. Fort de ses 14 prix internationaux, il représente, bien avant le merveilleux Everybody Famous, le pionnier de ces conquérants de la belgitude qui ont apporté au monde ce petit supplément d'âme indéfinissable qui manquera toujours ailleurs, comme la graisse de boeuf dans les frites, le terrain vague dans la bande dessinée, le saxophone dans un jazz-band ou le grand écart dans le film d'arts martiaux.

Torpenn
7
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le 14 mars 2022

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Torpenn

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