Déjà je vous préviens, ça va spoiler. Quoique je devais être l'un des derniers à ne pas avoir vu ce film en 2017, vu la tête des gens à qui j'en parlais autour de moi.


Je ne sais pas trop à quoi je m'attendais en y allant. Un genre de Grease, en moins chantant je suppose ?
HAHA non.


Saturday Night Fever, ce n'est pas ça du tout. Ce n'est pas une comédie musicale, ce n'est pas un film sur la danse, ce n'est pas l'histoire d'un homme qui grandit et s'accomplit en s’élevant vers le succès. Saturday Night Fever, c'est une chronique sociale, l'histoire d'un loser issu d'un milieu pauvre, à la culture limitée et aux mauvaises fréquentations, qui trouve un bonheur éphémère (et son accomplissement) dans la danse dans laquelle il excelle, sans pour autant réussir à en faire quoi que ce soit de concret.
Dans l'idée c'est intéressant... Sauf qu'arrive le premier problème du film. Si cette histoire tragique et très humaine a du potentiel, il est difficile de s'attacher à ce type faible, agressif, qui n'est à l'écoute de rien ni personne et qui n'a aucun respect et surtout pas pour les femmes. Alors oui, il essaie d'évoluer (sans forcément réussir), mais pour moi il le fait trop tard, il est impardonnable et dur à comprendre.
Le personnage de Stephanie n'est pas beaucoup plus glorieux. Plus forte en apparence seulement que les autres personnages du film, elle est aussi trop égocentrique pour qu'on s'y attache.
Il y a plusieurs personnages secondaires intéressants qui ont du potentiel, mais là encore leur médiocrité fait qu'on s'inquiète peu de leur sort.


Quand à l'ambiance générale du film.... On dirait un peu Scorsese dans un mauvais jour, qui ferait un Rocky avec des paillettes. La réalisation n'est pas si mal, mais les personnages sont si détestables et l'histoire si superficielle que ça gâche le plaisir. Filmer des scènes du quotidien, quand on est pas à un maître, c'est un peu délicat. C'est probablement le deuxième problème du film, ce rythme un peu mou et cette histoire qui va nulle part.


Mais en vrai, ce qui fait que je donne à ce film une note aussi basse, ce qui m'a choqué et a failli me faire sortir de la salle à plusieurs reprises, c'est la violence. La violence verbale déjà, dès le début du film. Les insultes constantes ("cunt!" toutes les deux minutes), toujours sexistes, et majoritairement envers des femmes. Le manque de respect épuisant et l'absence de sens moral du personnage principal envers son entourage. La violence physique, la brutalité de Tony et de ses amis. Et, surtout, cette scène de viol finale, absolument affreuse, sur lequel Tony, même pas alcoolisé (non pas que ça excuse quoi que ce soit hein !), ferme les yeux alors que ses potes font une tournante derrière lui sur leur pauvre amie paumée et en pleurs, qui dit non après avoir dit oui. Et quand c'est fini, cette phrase glaçante de Tony, envoyée à son "amie" détruite : "Tu es fière de toi ?"
Pour moi, le personnage est impardonnable, et de fait je ne peux donc pas aimer ce film, qui soit ne fait que montrer froidement et gratuitement des scènes de violences quotidiennes (ce que je n'apprécie pas plus que ça au cinéma) soit glorifie un horrible personnage (je ne suis pas certain que ce soit la vision du réalisateur, mais en tout cas, pas mal de critiques sur SensCritique semblent admirer Tony...)


La scène finale, en demi-teinte, laisse au spectateur le soin de choisir entre une éventuelle rédemption de Tony ou juste un sursaut du personnage avant de retomber dans sa faiblesse. Moi, je n'ai pas trop de doute sur le sujet.

Stalaktite
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le 8 déc. 2017

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Stalaktite

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