Les années 80 sont finies, le public change et les vieilles recettes vieillissent. En ce début des années 90 la vague des slashers s'essoufflent à cause d'une surexploitation du filon. Les producteurs de Freddy l'ont bien vu et décident de mettre un terme aux aventures du serial killer de Springwood. Bref il faut tuer Freddy tant que ça peut rapporter encore un peu et avant que ça ne coûte trop cher. Oui mais comment faire ? Après tout c'est le sixième film sur le sujet en seulement six ans, ça devient difficile de trouver des trucs à raconter.

Donc pourquoi ne pas dire que Freddy a lui-même une progéniture ? Un enfant dont on n'a jamais entendu parlé jusque là et qu'il veut subitement récupérer, là aussi sans la moindre amorce d'explication. Bref il faut faire avec. Le film s'ouvre sur une longue séquence de cauchemar permettant de caractériser un personnage qui deviendra important au déroulement. Une entrée en matière sympathique pour un film qui va très viste s'enliser. Productrice des épisodes 3 et 4 Rachel Talalay connait donc bien la licence et ne parait pas plus mal qu'un autre pour réaliser cette conclusion, qui se veut définitive.
Avec une intention pareille il est tout de même curieux que ce Freddy 6 ne fasse quasiment aucun lien avec le cinquième volet. Qu'est devenu Alice ? La mère de Freddy, qu'est ce que ça devient cette histoire ? Freddy avait besoin d'Alice pour s'introduire dans les cauchemars des autres alors comment Freddy parvient jusqu'au garçon au début ? Aucune réponse, on préfère greffer cette histoire d'enfant et prendre trois plombes pour la développer dans une maison de redressement pour jeunes délinquants. Après des heures (en temps perçu) le film fait enfin la connection avec Springwood. Génial ! Ca va pouvoir démarrer !

Et là, l'incompréhension. Springwood est devenu un asile à ciel ouvert façon Twin Peaks du pauvre où les adultes ont disjoncté suite à la disparition de tous les enfants. Ok, pourquoi pas.

Mais c'est le même Springwood que d'habitude ? Oui.
Donc le même Springwood qui était, il y a un an à peine, une ville tout ce qu'il a de plus normal avec commerces, écoles et habitants sachant se servir d'une douche ? Oui... enfin bon le dossier de presse nous dit que ça se passe dix ans après tout de même.
Mais il s'est passé un truc ? Oui.
Quoi ? Heuuuuu....
Donc là maintenant c'est devenu une ville fantôme peuplé de clodos frapadingues dont tous les bâtiments ont l'air à l'abandon depuis un demi siècle ? Oui.
Comment ? pffffffffff.
C'est un rêve de Freddy en fait ? Non, même pas, c'est juste Springwood.
Mais... pfffffffffff.

Bref une idée pas con au départ mais posée comme une crotte au milieu du salon. S'en suis des personnages complètements idiots qui déambulent, se séparent et se retrouvent sans la moindre cohérence. Au bout d'un moment Freddy revient pour tuer des gens, enfin. Un premier meurtre vraiment excellent d'un sourd redonne espoir. On voit un Krueger bien vicieux torturant sa victime par son point faible. Puis arrive le second meurtre et là, c'est le drame. En propulsant la victime dans un jeu vidéo le film offre la séquence la plus embarrassante de la saga. Un meurtre ridicule de bout en bout. Complètement hors de contrôle la réalisatrice transforme Freddy en un débile profond sorti d'un cartoon. Le charisme du personnage fond comme neige au soleil, un désastre.
Sans plus de transition les personnages font demi tour et là : twist de la mort ! Le gamin qui se croyait l'enfant de Freddy ne sert à rien, le gamin de Freddy : c'est la psychiatre qui accompagne les mômes. Trop puissant. Bon évidemment on le savait tous depuis un moment puisque le montage a jugé bon d'introduire en tout début de film un souvenir sans équivoque de la psy.

Bref nos joyeux lurons, enfin... les 2 qui restent, reviennent à la maison des délinquants et là plus personne ne se rappelle des victimes, d'ailleurs les corps ont disparus dans la vie réelle. Bien mais maintenant qu'est ce qu'on fait ? On le capture puis ont le bute dans le monde réel. Super plan ! Surtout qu'en plus il menace de s'attaquer à toutes les Elm Street des Etats-Unis, le fourbe. Bon par contre la filiation de Freddy et son utilité resteront à jamais inexploité, tout comme cette histoire de gens effacés de la mémoire collective. Il faut dire que ça dépasse le cadre classique de Freddy mais que là on ne peut pas tout faire, donc on laisse de côté. Bref après des heures (toujours en temps perçu) de discussion et de palabres psychologiques ont va chercher Freddy pour le tuer. Là l'héroïne s'introduit dans la tête de Freddy grâce à des lunettes 3D et...

STOOOOOOOOP

Des lunettes 3D ? Et oui car non content de vouloir tuer Freddy les producteurs se sont dit que ça serait cool de faire le film en 3D. Rappelons qu'à l 'époque on utilisait l'anaglyphe pour les 3/4 mecs assez cons pour vouloir des films en 3D. Vous vous souvenez les lunettes moches avec un verre Rouge et un autre Cyan qu'on trouvait dans les Pif Magazine ?

bah pareil

Un rendu plutôt dégueulasse que la réalisatrice s'est sentie obligée d'exploiter avec des effets spéciaux tout pourris pour faire jaillir des éléments hors de l'écran. Aujourd'hui visible en 2D le film en souffre sans doute encore plus, surtout qu'à côté la mise en scène est à peine digne d'un Louis la Brocante. Les ambiances sont fades et le final dans une vieille cave à l'éclairage laid fait clairement pitié. Comme tout le monde était à fond sur la 3D les scénaristes l'ont inclus dans le script : dans le film ces lunettes donnent des supers pouvoirs, celui d'être plus fort que Freddy... malin la mise en abîme du procédé commercial.

Bref on arrive dans la tête à Freddy, idée de génie pour enfin découvrir l'intimité du tueur. Sauf que là encore ça tombe bien à plat et on en ressort sans info particulière ni lecture différente du personnage. On reste content de voir Robert Englund sans maquillage jouer le psychopathe "ordinaire". Puis arrive la mort de Freddy, vulnérable parce que dans le monde réel mais toujours capable de marcher au plafond, va comprendre. Bref Freddy explose physiquement, tout le monde est content, fondu au noir, générique.

Ah ?

Même pas un petit épilogue ? Non, rideau, on passe à autre chose, merci et au revoir.

Entre un rythme poussif, des séquences chiantes comme la pluie, une mise en scène absente, quelques grands moment d'embarras, des idées empilés sans cohérence et un Fred Krueger qui n'a jamais était aussi insupportable, cet adieu de Freddy est un ratage quasi complet. Un adieu aux armes fait par dessus la jambe. Ni drôle, ni effrayant, ni gore, ni rien. Juste un slasher minable.
Vnr-Herzog
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le 22 mars 2013

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