La mondialisation culturelle a ceci d’enthousiasmant qu’il est maintenant possible de découvrir aisément toutes sortes de films étrangers via le direct dvd. L’industrie du cinéma, si elle a été bien été explosée en terme de chiffre d’affaire par celle du jeu vidéo, conserve de beaux restes, la bougresse.

Impensable voilà quelques années, voici donc que je puis me mettre à découvrir du cinoche turc ou thaïlandais via les rayons de nos chers temples de consommation. En avant donc pour un film dont la jaquette fleure bon l’explosion épique, les duels de sabres endiablés, les charges désespérées car, après tout, ne s’agit-il pas de nous montrer « la plus grand bataille de l’histoire de l’humanité » ?

Dès le départ on nous prévient : ici, ce n’est pas Ridley Scott, on va traiter un pan d’histoire et foutre de non de Zeus, l’histoire du peuple Thaï a l’air de dépoter. En l’occurrence, un vrai travail de reconstitution a été fait. Armures, uniformes, coiffures traditionnelles, ce VIIIè siècle asiatique fleure bon les grosses productions américaines de mister Scott. Pas de faute de goût, tout y est. Les décors ne sont pas en reste même si, par moment, les arrière-plans ont de vrais atours … numériques. J’étais venu pour de l’épique ; force est de constater que les combats sont plutôt bien foutus. Les thaïlandaises sont jolies, l’héroïne est vraiment physiquement impeccable, le réalisateur ayant même le bon goût de ne pas hésiter à tuer certains de ces héros assez vite, à basculer dans une violence cohérente et …

… et je sèche. J’ai beau me démener, je vais avoir du mal à aller plus loin dans le positif. Ce Edge of Empires fait son job : glorifier une page d’histoire thaïlandaise. Les Chinois, en pleine dynastie Tang, sont des êtres terribles, perfides, violents, les pires engeances de l’histoire humaine. Ils trahissent, violent, vont même jusqu’à cuir de pauvres femmes en éclatant de rire. La caricature est totale, comme l’a pu l’être cette de Scott avec Kingdom of Heaven et ce cher Renaud ou Guy de Lusignan. Mais, contrairement à Scott ou le manichéisme était abouti au point de devenir un vrai exercice de style, il est ici naïf, pour ne pas dire niais. Niais comme ce sacrifice quasi chrétien d’une pauvre jeune femme ébouillantée vive mais qui ne souffre pas, ayant le temps de dire tout le bien qu’elle pense des horribles envahisseurs. Naïf comme ces papillons numériques, comme les draps colorés qui flottent dans le vent au rythme des amourettes, comme ces ralentis lourdingues auxquels il ne manque que des pancartes pour nous dire « EH SPECTATEUR LUI C’EST UN VRAI GROS MECHANT CHINOIS SOURNOIS HAN ET PERFIDE ET SALAUD ET SUPER VICELARDEMENT MECHANT».

Alors certes, ce film a le mérite de nous faire découvrir des pans d’histoire quasi inconnus en Occident. Les amourettes peuvent émouvoir le ou la spectateur-rice fleur bleu. Mais, au final, je n’ai pas tardé à m’enfoncer dans mon canapé, soupirant, dans un état de consternation apathique jusqu’au moment où j’ai eu l’éclair. Le patriotisme virant vire au nationalisme thaï, selon les canons du Constantinople turc découvert l’année dernière. Je tenais ainsi devant moi une liste à compléter : 12 films pour traiter du patriotisme et du nationalisme. Souvent, ce sont des films US ; là, j’avais le loisir de faire un peu plus exotique.

La fin du visionnage fut donc meilleure, car j’étais concentré sur la construction de ma liste. D’ailleurs tellement concentré que mon doigt a ripé sur un 4 ! Rassurez-vous, j’ai retrouvé mes esprits ; le 3 est bien payé.

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le 13 févr. 2014

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Aqualudo

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