Roméo rencontre Juliette. Ils s'aiment et font un enfant, Adam. Mais un jour ils réalisent que leur bébé ne va pas bien. Du tout. La guerre est déclarée.
Après « Tomboy » cette année, le cinéma d'auteur français fait décidément plaisir à voir car avec ces deux films on prend le temps de s'attacher aux personnages pour être à 100 % derrière eux quand ils auront à affronter des épreuves, et à chaque fois les enjeux sont suffisamment élevés pour nous permettre de nous investir pleinement au niveau émotionnel.
Et à ce niveau-là, « La guerre est déclarée » fait fort puisque, même si on a beau le savoir avant, l'annonce de la maladie de l'enfant fait office de coup de poing dans le cœur : c'est juste la phrase qu'aucun parent au monde n'a envie d'entendre dans sa vie. Mais l'actrice/réalisatrice Valérie Donzelli et son acteur/co-scénariste Jérémie Elkaïm étaient les mieux placés pour mettre en scène ce cauchemar puisqu'il est malheureusement autobiographique. Et c'est là que ça devient fort, car le film est d'une liberté folle et s'autorise tout : moments chantés, fantaisies, voix off ; la narration use de tous ces artifices pour nous donner des bouffées d'oxygène et rendre tout simplement plus supportable ce calvaire parental. Tout ça sans négliger la forme puisque la mise en scène est élégante, bien pensée, avec un côté brut donnée à la photographie pour mieux rendre le côté vrai de l'histoire, et la bande son est particulièrement efficace et éclectique, et accompagne au mieux les images.
Mais surtout il convient avant tout de préciser que ce film n'est pas sur la maladie d'un enfant, d'ailleurs dès que les choses se corsent celui-ci sera le plus souvent hors-champ. Non, car la réalisatrice a la pudeur de s'intéresser avant tout aux parents, à comment on arrive à vivre malgré tout et à s'autoriser un peu de bonheur, comment on traverse une telle période sans finir par craquer, comment à deux on est plus fort qu'à un, et comment l'amour permet d'être solide pour se relever après la bataille.
La vie est un combat ordinaire, pour chacun il y a des moments de joie et des moments de souffrance, Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm ont été au plus bas, souhaitons-leur maintenant les sommets avec ce film puissant et attachant, qui vous laissera avec une boule dans la gorge et un gros coup de cœur.