"La Guerre est déclarée" n'est pas un film ordinaire. C'est le genre de film qui marque, à tous les points de vue : la mise en scène impeccable et originale (ce qui est assez rare dans un film français ces derniers temps), des acteurs incroyables (aidés par le fait qu'ils aient déjà vécu le drame), un scénario comme on en voit rarement d'aussi audacieux et maîtrisés font de ce film un chef d'œuvre dont on ne ressort pas indemne et qu'on a envie de revoir encore et encore.

Pourtant, le sujet est piège. Combien de fois avons-nous pu voir portées à l'écran ces histoires de personnes malades (enfants ou adultes peu importe) et combien de fois avons-nous pu constater l'excès de mièvrerie et de fausse tristesse que l'on veut faire passer au spectateur ? Ces films qui n'ont pour but que de faire pleurer sans pour autant révéler la chose telle qu'elle est réellement : difficile, voire très difficile mais pas insurmontable.

En effet, "La Guerre est déclarée" évite tous les pièges du genre. Valérie Donzelli, réalisatrice et actrice pour l'occasion nous transporte dans la vie de ce couple dont l'enfant est atteint d'une tumeur au cerveau et de son combat pour le sauver. Ou tout du moins, pour surmonter l'épreuve que leur impose la vie. Car jamais dans le film, on ne cherchera à produire des effets larmoyants pour inciter le spectateur à lâcher quelques larmes qu'il oubliera aussitôt le générique de fin apparu. Non.

La caméra sait se faire oublier, tant et si bien que l'on finit par vivre la tragédie avec Roméo et Juliette, les deux personnages principaux. On cherche un moyen de les aider, on s'y attache tellement, qu'on devient, l'espace d'une heure quarante de film, leur meilleur ami. Celui à qui ils se confient et qui leur permet de tenir un peu plus longtemps dans le combat contre la maladie.

La mise en scène est telle qu'elle permet au spectateur de croire (et c'est bien l'un des buts premiers du cinéma, faire croire) qu'il s'agit de la réalité, d'éléments d'un passé qu'il aurait vécu et dont il reparle avec les protagonistes : les voix offs de ceux-ci mélangés aux dialogues rendent l'histoire encore plus criante de vérité. Le temps est déformé, il passe soit trop vite (les moments de bonheur du couple, leur rencontre, la naissance de l'enfant) soit trop lentement (les visites en chambre stérile répétées un nombre incalculable de fois).

Tous ces éléments font la force d'un film qui surprend de bout en bout sans jamais choquer, sans jamais exagérer, usant d'une bande son parfaitement en phase avec ce que la réalisatrice raconte et d'un montage poétique tout ce qu'il y a de plus réussi. A voir (ou revoir) d'urgence !

Carlit0
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le 6 sept. 2011

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