Tel est ce chef-d'oeuvre qui révolutionna un genre. Tout comme dans les westerns spaghettis, l'héroïsme manichéen des cow-boys classiques a cédé la place à des personnages ambivalents et les valeurs morales sont littéralement bafouées.


Sauf qu'ici, il s'agit d'un western dit "crépusculaire" qui met en scène une violence encore plus exaltée que le spaghetti. Tous les protagonistes sont aussi mauvais les uns que les autres. Les personnages principaux sont des brutes sanguinaires qui errent au gré des évènements dans un monde où il ne trouve plus leur place, où la fin justifie les moyens : après avoir exécuté Malapache (ou avoir rendu justice, c’est selon), Pike et ses hommes auraient une chance de s’en sortir : les soldats sont pétrifiés par cette action incompréhensible, anachronique, certains commencent même à se rendre. Pourtant, un simple échange de coups d’œil leur suffit pour prendre leur décision. Celle de disparaître dans un ultime bain de sang, qui s’avérera être sans doute l’une des batailles chorégraphiées les plus impressionnantes de l’histoire du cinéma.


Et là se retrouve la métaphore de l’ouverture du film, qui nous montrait des enfants jetant des scorpions sur une fourmilière, avant de brûler le tout. Cette idée est un souvenir d’enfance d’Emilio Fernandez, l’interprète du Général Mapache. Après avoir entendue cette anecdote, Peckinpah fit immédiatement venir plusieurs spécimens de scorpions. Qui périront comme ses héros, dévorés par la multitude, et surtout écrasés par des enfants inconscients, ceux qui miment en jouant la première bataille, qui sont admiratifs devant les déploiements d’armes et porteront le coup de grâce à Pike.


Symboles d’un monde naissant et inconséquent, les enfants chez Peckinpah représentent tout sauf l’innocence. Obsolètes, les hommes de l’Ouest n’ont plus qu’à s’effacer, en allant là où l’on voudra bien d’eux. Mais le mythe n’est plus.

Créée

le 4 févr. 2015

Critique lue 430 fois

15 j'aime

6 commentaires

Chlorophylle

Écrit par

Critique lue 430 fois

15
6

D'autres avis sur La Horde sauvage

La Horde sauvage
Gothic
8

Les Douze Salauds partent

Auteurs d'un braquage raté à San Rafael, ville imaginaire du Texas, une demi-douzaine de voleurs en route pour le Mexique sont traqués par une demi-douzaine de chasseurs de primes. Pour nous narrer...

le 31 août 2014

91 j'aime

21

La Horde sauvage
Sergent_Pepper
8

« If they move, kill’em ! »

Le problème avec les films mythiques qui se posent comme des jalons dans l’histoire esthétique de leur genre, c’est qu’on ne peut plus les considérer comme des œuvres à l’égal des autres. On les...

le 8 oct. 2013

82 j'aime

9

La Horde sauvage
Bondmax
10

Wild Wild West

J’aime bien Noël. Pas parce qu’on peut se gaver de foie gras. Pas parce qu’on reçoit la visite de l’arrière cousin que t’as jamais vu de ta vie. Pas parce que tu vas recevoir plein de cadeaux...

le 22 déc. 2014

62 j'aime

7

Du même critique

Certains l'aiment chaud !
Chlorophylle
9

Sérénade à trois

Difficile de ne pas partir sur une succession d'éloges ce que je vais essayer de ne pas faire. Donc en suivant le raisonnement de la réplique la plus drôle, la plus célèbre et la plus géniale du...

le 28 août 2015

19 j'aime

2

La Horde sauvage
Chlorophylle
10

Cru, sauvage et hystérique

Tel est ce chef-d'oeuvre qui révolutionna un genre. Tout comme dans les westerns spaghettis, l'héroïsme manichéen des cow-boys classiques a cédé la place à des personnages ambivalents et les valeurs...

le 4 févr. 2015

15 j'aime

6

Qu'elle était verte ma vallée
Chlorophylle
10

Mine de déterrés

Si John Ford est surtout reconnu comme étant le maître absolu du western, il serait parfaitement injuste de mettre de côté ses autres films. D'autant plus que celui-là a cartonné aux oscars, cinq...

le 19 juil. 2016

14 j'aime

1