A roublard, roublard et demi

Épisode très sympa, presque mélancolique, dans lequel l'aveugle habile est malmené par un destin qui lui joue des tours. Se laissant porter par les événements qui construisent son quotidien, Zatoichi profite des rencontres qu'il est amené à faire pour tenter de trouver un sens à sa vie. Entre parties d’échec dont l'issue tragique se dessine petit à petit, recherche d'argent pour aider une petite fille qui a été blessée lors d'une rixe dont il était la cible et assistance, presque malgré lui, à une famille en quête de vengeance, l'homme aura fort à faire pour parvenir au bout d'un script dense en thématiques.

L'intérêt de cet épisode, outre le fait de montrer à nouveau le côté sans pitié du personnage dès lors qu'il choisit de se défendre, est de mettre en avant ce qui fait aussi sa faiblesse, à savoir son handicap. Sa cécité est en effet un réel désavantage, et même s'il a su exacerber ses autres sens pour devenir un sabreur redoutable il est constamment diminué dans sa vie quotidienne (séquence marquante quand il recherche péniblement une boite de médicaments qu'il a perdue). Il doit donc s'en remettre parfois à ses pairs en acceptant leur aide. Misumi va même plus loin en sanctionnant son personnage quand ce dernier cherche à tirer parti de son handicap. Il exploite alors tout le potentiel dramatique de Shintaro Katsu qui offre au cinéaste encore ici une prestation vraiment sur le fil.

Si l'on reste un peu sur sa faim niveau fureur des combats avec cet épisode, qui n'en comporte finalement que très peu, on est vite rassasié par tous les à-côtés. A commencer par la relation que Zatoichi tisse d'abord avec un samouraï mauvais perdant puis avec une gentille fillette qui le remerciera pour sa générosité après son dernier combat.

Un très chouette épisode qui développe de belle façon le personnage de Zatoichi et commence à me faire regretter de ne pas avoir pu voir tous les films de la saga : quelques références sont difficiles à saisir. J'imagine qu'en 12 numéros, le personnage doit être bien plus ample que ce que l'on ressent si l'on se contente des DVDs du coffret Wildside, ce qui est mon cas.

7.5/10