La Maison au fond du Parc (1980)


Deux psychopathes sont invités par deux jeunes gens à une fête organisée dans une maison isolée de tout. Profitant de l'occasion, les deux malfrats torturerons et violerons les invités de la fête, alors que ces derniers tentent tout pour sauver leurs vies...


Très embêté par ce film de Ruggero Deodato, papa du très célèbre Cannibal Holocaust qui, malgré une impardonnable violence sur les animaux, reste un film très intéressant à analyser et malgré tout un pionnier du cinéma de genre, voir même du cinéma dans sa globalité.


La Maison au fond du parc, c'est un film dont j'ai pu voir quelques extraits ça et là, et dont il me semblait déjà, sans avoir vu le film, être d'assez mauvais goût. Mais préférant ne pas juger un film avec deux extraits (même si j'ai pu voir une flopée d'œuvres de ce genre), je l'ai ajouté à ma liste d'envies en attendant d'avoir l'occasion de le voir. C'est donc ce soir de juillet, alors que le huitième épisode de Grace et Frankie ne marche sur aucune plateforme de streaming illégal (je sais, je sais, c'est pas bien), que je me décide à regarder ce long-métrage, ayant également retrouvé un grand intérêt dans les films d'horreur de série B des années 80.


Les planètes étaient donc alignées, il ne me restait plus qu'à visionner la chose pour enfin me faire un avis.


Le film nous plante tout de suite le décor avec une scène de viol et de meurtre dans une voiture. Si les dialogues comme la mise en scène sont très vulgaires et mal foutus, cette scène n'est qu'une parmi tant d'autre dans cette étrange décennie que sont les années 80. Je n'ai donc pas plus fait attention que ça à ce passage, qu'on retrouve dans énormément d'autres slashers et giallos du même genre.


Je n'ai même pas envie de reprendre l'histoire, passons directement à ce qui ne va pas :



La banalisation du viol



Certes, certaines scènes de sexe dans beaucoup de films d'horreur sont gratuites, montrant énormément de corps dénudés et s'attardant beaucoup sur eux, on appelle ça l'exploitation et ces scènes sont présentes uniquement dans le but de vendre. Le truc, c'est que la quasi totalité de ces scènes sont consenties. Dans des films comme les Vendredi 13, je n'ai absolument rien contre le cul, en effet le but recherché devant ce genre de film est de voir de jeunes gens mourir un par un de façon très violente et gratuite et la plupart des victimes meurent après le coït. Étant un amateur de slasher, je me suis rapidement fait à l'idée que ce genre de scènes seraient omniprésentes, jusque là tout va bien.


Dans La Maison au fond du parc, la "particularité" des antagonistes est qu'ils violent et torturent leurs victimes. Je n'ai, là encore, absolument rien contre cette idée à partir du moment ou l'on me montre des antagonistes comme des antagonistes et où les victimes ne sont pas traitées par la mise en scène comme des morceaux de viandes. La vengeance fait généralement également partie de ce genre (le rape and revenge), et je n'ai donc rien non plus contre une vengeance bien violente ou la victime devient le bourreau. Le problème du film de Deodato, c'est que les scènes de viols sont montrées avec superficialité et sont également uniquement là pour l'exploitation. Les quatre femmes présentent sont toutes de très belles femmes, et la caméra n'hésite pas à nous montrer de très gros plans sur leurs fesses ou leurs seins pour nous rappeler qu'elles sont très belles.


La dangerosité du film (même pour son époque), c'est que Deodato nous rappelle que les actrices de son film sont très belles même pendant les scènes de viols. En effet, le personnage d'Annie Belle est violé au milieu du film. La caméra fait de longs travelings sur son corps pendant qu'elle est prise de force, tout comme le personnage de Marie Claude Joseph, qui se fait très souvent déshabiller par les antagonistes simplement pour que le spectateur voit sa poitrine.


Mais le pire dans la représentation du viol, c'est que c'est surtout filmé avec sensualité. Ce n'est pas une blague, chaque scène de viol (excepté peut être celle ou Cindy se fait lacérer de coups de rasoir à la fin) est filmée comme dans un film érotique. La scène avec Annie Belle est encore une fois un très bon exemple, puisque la scène de son "viol" est filmée de façon très onirique, comme si cette scène était hors du temps, mais d'une façon positive. La musique de Riz Ortolani (compositeur que j'adore), n'aide pas non plus puisqu'elle se rapproche ici de la bande originale de Pulsions, une bande originale sensuelle et érotique. Le viol dans ce film est donc censé aguicher le spectateur, alors qu'on parle quand même d'une expérience très traumatisante.


Parce que je me suis quand même dit (même en ayant mis mon cerveau en off) que ce que subissaient ces jeunes gens était quand même une chose parfaitement ignoble dont personne ne se remet vraiment après. Visiblement pas tant que ça pour nos protagonistes, puisque l'une se relève juste après avoir été violée avec un simple petit "Rooooh tu me dégoutes Alex !" alors qu'une autre finit par trouver l'humanité chez l'un des tortionnaires et couche ainsi avec lui dans une opposition entre cette scène de sexe "consentie" et une autre beaucoup moins avec l'autre détraqué. Bref, encore du très bon goût ma foi.



Les personnages sont débiles



J'avoue que ce n'est pas vraiment une surprise et ce n'est surement pas le premier film à avoir un groupe de personnages dont tous les Q.I. rassemblés s'élèvent à 9.


Le truc c'est que lorsqu'arrive le retournement final (qui finit d'enterrer le film par la même occasion), et bien on finit par détester absolument tous les personnages, je m'explique :


A la fin on apprend que la victime au tout début du film est la sœur de l'un des jeunes et qu'il a donc décidé de la venger avec l'aide d'une de ses amies en invitant les responsables à une fête chez eux et de les tuer.


Bref, on ne va pas se cacher que ce film est un déchet au plus haut point, et ce malgré une mise en scène plutôt correcte, de très bons acteurs et une très belle bande originale, il faut tout de même le reconnaître.


Je me suis emballé mais il fallait quand même que je crache sur ce film qui n'en valait peut être pas la peine, mais bon, tant pis !


Et c'est vraiment dommage parce que son trio d'actrices (Annie Belle, Marie Claude Joseph et Lorraine de Selle) ont vraiment un très grand potentiel et étaient toutes les trois dignes des plus grandes femmes fatales d'Hollywood au début du film (je ne connaissais pas du tout Annie Belle, ce fût la seule expérience de tournage de Marie Claude Joseph et Lorraine de Selle est une actrice que j'adore et que j'aimerai revoir un de ces jours sur les écrans parce qu'elle dégage un charisme absolument dingue.


M'enfin, reste que ce film est une bouse sans nom, et qu'en plus de ça il est extrêmement problématique. Je n'en met pas souvent mais ma note pour ce film ne peut être qu'un 1/10.

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le 5 août 2022

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