Deux ans après l'énorme succès de "West Side Story", Robert Wise se lance dans l'adaptation du roman "The Hauting of Hill House" de Shirley Jackson et nous fait suivre un professeur qui réunit un groupe de trois personnes dans un vieux manoir réputé hanté...

L'une des réussites du film de Robert Wise, c'est qu'il met en scène une galerie de personnages passionnants où l'on trouve un docteur travaillant sur les phénomènes paranormaux, un jeune héritier, une femme refoulée et marquée par la longue maladie de sa mère et une autre plus sûre d'elle. Mais c'est aussi le château qui pourrait être considéré comme un personnage à part entière. Un château terrifiant que ce soit par ses bruits, son espace et ses portes qui, du point de vue des personnages, se ferment sans raison.

Peu à peu, la tension s'intensifie, les étrangetés sont de plus en plus présentes, les voix s'élèvent et la peur monte. Il met aussi le spectateur dans la tête des personnages et surtout de la principale (merveilleusement interprétée par Julie Harris qui donne de la folie à son personnage) et nous fait vivre ses pensées intérieures. Il étudie leur psychologie, leurs ambitions et ce pourquoi ils sont là. Wise effraie et fascine en même temps, il hypnotise le spectateur et met en place une atmosphère de plus en plus malsaine, angoissante et prenante.

C'est intelligemment mis en scène par Wise qui provoque l'ambiguïté et le frisson sans être démonstratif et, bénéficiant d'une superbe photographie en noir et blanc qu'il exploite bien en usant notamment du jeu d'ombres et de lumières pour créer le doute. Il est régulièrement dans la suggestion à travers les effets sonores et l'imagination des personnages pour finalement faire cogiter la nôtre. Ses plans sont savamment pensés et il met aussi bien en valeur le château (le film a été tourné dans une vraie maison et non en studio), ses décors et son immensité.

Non, Wise n'a pas besoin d'effets spéciaux en tous genres pour créer la peur et le frisson, quelques regards, effets sonores, décors ou pensées subjectives suffissent et il laisse le soin à l'imagination du spectateur pour faire le reste. Brillant.
Docteur_Jivago
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le 30 déc. 2014

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Docteur_Jivago

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