Ave Satani ou chronique d'une Apocalypse annoncée.

"Cum Iudaeis et revertar ad Sion
Et cometa rips caelum
Et Sancti Romani Imperii surgit,
Tunc et ego morior.
Ab aeterno mare ipse surgit,
Partum exercitus in utroque litore,
Conversus vir contra fratrem suum
'Til homo est, non plures."

L'idée de départ - soit un film mettant en scène l'Antéchrist- est due à un ami du producteur Harvey Bernhard.
Celui-ci est séduit par l'idée et contacte alors le scénariste David Seltzer pour qu'il développe un récit autour de ce concept simple.
Seltzer l'écrit donc sur une période d'une année et le présente à Bernhard, qui est enchanté par le résultat.

Pour une promotion pérenne (bien que contre-productive en y repensant, puisque le spectateur ayant lu le livre connaitra déjà tout du film avant même de l'avoir vu...), le script de Seltzer est transformé en roman, qui sortira deux mois avant la sortie officielle du film.

L'histoire s'attache à la naissance de l'Antéchrist, qui se doit de grandir à l'abri d'une famille aisée et puissante. Le but final étant de détruire l'Humanité, il ne pourra le faire qu'au travers du monde de la politique.

Le récit habile parsème au fur et à mesure de l'intrigue, des évènements à priori hasardeux (un suicide, un empalement, une décapitation, une chute...) mais qui servent en fait à dégager tout les obstacles pouvant freiner l'avènement futur de Damien, à une fonction supérieure.

Ainsi, le passage où le Père Brennan cite la Bible (en fait, une création totale du scénariste David Seltzer):

"When the Jews return to Zion
And a comet rips the sky
And the Holy Roman Empire rises,
Then You and I must die.
From the eternal sea he rises,
Creating armies on either shore,
Turning man against his brother
‘Til man exists no more."

("Et une comète déchirera le ciel
Et l'Empire Romain s'élèvera
Alors toi et moi mourrons
De la Mer Éternelle il surgira
Créant des armées sur chaque rive
Tournant l'homme contre son frère
Jusqu'à ce que l'Homme n'existe plus",

il voulait avertir Thorn que "L'Empire Romain" est en fait le Traité du Marché Commun, que Thorn est venu signer à Rome, tandis que la "Mer Éternelle" n'est autre que le monde de la Politique.
C'est donc pour cela que lui - futur ambassadeur et éventuel futur Président - a été choisi pour pourvoir aux besoins de l'Antéchrist-même, afin de faciliter son ascension dans la sphère politique mondiale !

D'autres scènes nous démontrent que l'aura maléfique entourant le bambin angélique en apparence (formidable jeu tout en sobriété du petit Harvey Spencer Stephens), est ressentie par beaucoup d'êtres vivants ( la scène dans la réserve animale, la dégradation psychique de la mère).

De fait, Richard Donner filme le tout de manière très inspirée et très "cinématographique" pour la première fois de sa carrière (ses précédents essais ne brillant guère dans ce sens).
De plus, Donner insisita auprès du scénariste David Seltzer d'éliminer toute allusion surnaturelle au sein du récit car Donner voilait que chaque évènement puisse trouver une explication logique (suicide, accident, saute d'humeur animale...).

Mais ce qui fait le sel de ce métrage (Donner l'a reconnu lui-même), c'est le score dément du regretté Jerry Goldsmith, qui compose une partition à la gloire de Satan!
En effet, cet opéra sombre distille des chœurs glaçant accompagnés par de douces notes de piano, puis sont soudainement emportés par un orchestre furieux, illustrant on ne peut mieux la réelle entité qu'est Damien.

On n'oubliera pas de citer le trio d'acteurs exceptionnels (outre le jeune acteur nommé plus haut):
-Gregory Peck (Robert Thorne),
-Lee Remick (Katherine Thorne),
-et Billie Whitelaw (la dévouée-mais à qui ?- Mrs Baylock).

Le casting est complété par David Warner (le journaliste Keith Jennings) et Patrick Troughton dans le rôle torturé du Père Brennan.

Tout ce petit monde disparaitra ou accidentellement ou abattu, sauf bien sûr le petit Damien...

Pour en finir avec ça, The Omen est une œuvre extrêmement pessimiste, se terminant sur une tentative d'infanticide.
Rare dans des films de studio.
Marquant.
La dernière image nous montre l'enfant sourire pour la première fois.
Ce sourire est la chose la plus terrifiante de tout le métrage...

"Sanguis Bibimus.
---Corpus Edimus.
-Tolle Corpus Satani!
-Ave!"
-" Ave Versus Christus!
Ave Satani!"

Voici le lien où la suite The Omen est jouée en live par un orchestre Italien. Du grand art, sombre et immersif à la fois !
https://www.youtube.com/watch?v=nmOHzeTsBUM

Post Scriptum: Pour les anonymes qui n'apprécient pas (ce que je peux admettre)- et ce, sans aucune explication(ça, je ne peux l'admettre) - voilà ce que je dis:
Ego non te absolvo, ô obscūrum atque mutus hominem...