Tu t’es remise à boire

Une mère, dans un geste tragique, submerge ses enfants dans les flots. Des siècles s’écoulent ; la Llorona, spectre endeuillé, poursuit de sa malédiction une assistante sociale et sa progéniture.


Une tragédie spectrale aux accents baroques

La Malédiction de la Dame blanche s’avance dans la masse filmique du cinéma horrifique contemporain avec une solennité compassée, oscillant entre la componction du drame ancestral et la théâtralité flamboyante de la peur stylisée. Le film, en dépit d’une trame narrative guère novatrice, se distingue par une générosité prodigue en scènes d’effroi et d’agitation surnaturelle, déployées avec une minutie visuelle dont l’opulence confine parfois à la saturation.


L’apparition, figure du cauchemar incarné

La Dame blanche elle-même, spectre dolent aux voiles lacrymaux, fascine et terrifie tout à la fois. Son aspect, à la fois hiératique et déliquescent, confère à ses apparitions une qualité d’hallucination tangible. Chaque plan où elle se manifeste semble exsuder une moiteur funéraire, et ses cris, d’une stridence sépulcrale, percent le spectateur d’une frayeur somatique. On sent, derrière cette figure mythologique, une volonté d’iconisation, une ambition de raviver le folklore pour en tirer une efflorescence de terreur contemporaine.


Les ressorts éculés d’une terreur convenable

Néanmoins, cette profusion d’effets, si méticuleusement exécutés soient-ils, n’échappe pas à la prévisibilité. Les portes grinçantes, les silhouettes surgissant de la pénombre et les malheureux propulsés à travers d’improbables espaces composent une litanie d’artifices mille fois ressassés. La bande sonore, emphatique à l’excès, souligne chaque sursaut avec une gravité un peu vaine, comme si le film, craignant de ne point assez effrayer, s’astreignait à la redondance sonore.


Une filiation narrative quelque peu superfétatoire

L’insertion, à titre purement ornemental, d’un personnage issu de l’univers Conjuring, apparaît ici comme un appendice anecdotique, un lien diaphane destiné davantage à flatter la cohérence commerciale qu’à servir la dramaturgie. Cette connexion, trop ostensiblement plaquée, ne parvient jamais à s’imposer comme organique, et trahit une velléité d’intégration qui confine au superflu.


Conclusion

Malgré sa propension à l’emphase et son recours à des procédés d’effroi parfois téléphonés, le métrage conserve une certaine majesté plastique. Sa mise en scène, fastueuse et lugubre, son goût pour l’ombre et la lueur, et sa créature centrale, à la fois pathétique et redoutable, lui donnent un lustre que d’aucuns jugeront suranné, mais dont la beauté ténébreuse, presque chthonienne, demeure incontestable.


Trilaw
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