King Richard parvient à trouver une certaine fraîcheur malgré une formule de biopic essorée jusqu’à l’os, grâce à son personnage ambigu. Car les success stories des underdogs du cinéma, cela fait des décennies que l’on en voit, on en connaît les étapes. Et si ici on ne déroge pas du tracé habituel, on a la particularité de suivre Richard plutôt que Venus et Serena.
D’un côté, le jusqu’au-boutisme du père qui vit par procuration et s’engouffre dans l’adage d’une fin qui justifierait les moyens fait douter de sa bénévolence. Il est pédant, imbuvable par moments, ne lâchant jamais rien et allant jusqu’à transformer un visionnage de Cendrillon en famille en leçon de vie.
De l’autre, il insiste sans cesse sur la nécessité pour ses filles de s’amuser et de suivre une éducation en parallèle, conscient de la chance d’un échec et de la courte durée d’une carrière sportive, et semble être poussé par une envie pour ses enfants de dépasser la condition sociale qu’il a connu. Et pour cause, il a grandi dans la Louisiane des années cinquante et comprend que pour un noir, il n’y a pas d’autre choix que de se créer une place.
Et on est donc à balancer entre l’empathie et l’agacement pour ce personnage hargneux, tant et si bien qu’en fin de pellicule, on a passé un agréable moment. Pourtant on est conscient du manque d’ambition du film. Une caméra plan-plan, un déroulé narratif académique, une photographie lisse… Rien ne dépasse, sinon l’histoire en elle-même, et la réussite qu’on lui connaît. Est-ce suffisant pour en faire une œuvre durablement marquante? Non, certainement pas. Cela suffit-il à passer un moment agréable et à en apprendre un peu plus sur ces prodiges que sont les sœurs Williams? Certainement.