La Mission signe les retrouvailles de Tom Hanks avec Paul Greengrass qui avaient œuvré ensemble sur le très captivant Capitaine Phillips. On ne présente plus l’acteur multirécompensé et le talent de son metteur en scène n’est plus à prouver après nous avoir bluffé avec entre autres la saga survitaminée Jason Bourne. Le film était initialement destiné à être diffusé sur les grands écrans mais la situation actuelle en a décidé autrement et le métrage est finalement acheté par Netflix qui le propose depuis quelques jours parmi son catalogue cinéma. Tom Hanks incarne ici un vétéran de la guerre de Sécession sillonnant les villes du Texas afin d’apporter les nouvelles actualités aux résidents. Il fera la rencontre d’une jeune orpheline élevée par une tribu indienne après le massacre de sa famille. Livrée à elle-même, cet ancien soldat se décide de la prendre sous son aile et de la ramener auprès des siens encore rescapés. Le film reprend le schéma habituel du vieil homme qui se prend d’affection pour cette jeune fille et se décide de jouer les pères de substitution, ainsi rien de bien surprenant en termes de narration. Leur voyage sera semé d’embûches sur une terre hostile et violente. Une quête dans laquelle cet homme sera aussi confronté à ses idéaux et aux maux qui touchent les Etats-Unis dans une période instable. C’est donc l’occasion pour le film de dépeindre un pays divisé par ses différences idéologiques. Le réalisateur impressionne toujours par sa maitrise de la caméra avec un choix de couleurs variés, des paysages magnifiques et nous offre des plans visuellement superbes. Il n’hésite pas à nous servir des grands plans souvent utilisés dans le genre du western soulignant la grandeur des décors mais alterne avec des passages plus minimalistes qui accompagnent ses acteurs au plus près évitant ainsi de tomber dans la classique contemplation du genre. Une réussite d’autant plus significative que le western n’étonne plus grand monde aujourd’hui, il demeure un genre en disparition qui a été exploité sous toutes les coutures. Pourtant le spectateur en redemande, en témoignent les récentes pépites exploitant cet univers au cinéma, on pense aux récents Brimstone ou encore Hostiles adoptant un ton très sombre. Comment ne pas évoquer également la saga vidéoludique Red Dead Redemption, devenue incontournable et confirmant au passage que malgré le poids des ans, le western a encore de belles choses à nous offrir. La Mission n’est pas aussi percutant mais il a le mérite de raconter une histoire captivante même si elle ne respire pas l’originalité. Le film s’impose comme le miroir d’une époque désabusée à laquelle cette jeune fille ne souhaite pas adhérer. Il est à noter d’ailleurs que la jeune actrice en impose face au monstre hollywoodien qu’est Tom Hanks avec lequel elle partage l’écran permettant ainsi d’apporter une crédibilité dans leur relation qui va gagner en émotion au fur et à mesure de leurs péripéties. D’abord réticente, elle trouvera finalement la sécurité auprès de ce vieil homme solitaire dont le quotidien est d’apporter l’information aux habitants des alentours. Tout bon film qu’il soit, la Mission ne réinvente pas la roue mais demeure un film juste et émouvant.