On a tout dit sur La Mort aux trousses : film à suspense, film d’espionnage, film d’action, le premier des James Bond. Je dirais pour ma part que c’est un film d’architecte, un film géométrique, une sorte d’équation dont la femme est l’inconnue. Le film est basé sur des lignes de force et des lignes de fuite. Le générique annonce tout de suite la couleur, avec une série de diagonales et de lignes verticales sur la façade d’un immeuble, qui dessinent un univers carcéral sur lequel vient se greffer le titre du film : North by Northwest. Tout est affaire de direction. Il s’agit pour le héros de trouver celle qui le mènera à bon port en lui faisant quitter les jupes de sa mère. Le voilà qui surgit d’un ascenseur au début du film, comme par une naissance mécanique. Il est emporté par la foule et descend dans la rue. C’est un taxi qui l’emporte vers un autre immeuble où sa vie va basculer. Les bâtiments se succèdent, de plus en plus grands, jusqu’à l’immeuble des Nations Unies. L’homme n’est plus qu’un pion dans un univers oppressant. Balloté par les événements, Cary Grant finit par tomber dans les bras d’Eva Marie Saint, qui l’entraîne dans les méandres du train. Mais cette femme devient vite une voie sans issue. Elle l’envoie à la mort, à la croisée des chemins, dans une scène mémorable, au beau milieu d’une zone désertique. Il faudra l'apprivoiser pour qu’elle finisse par lui indiquer le Nord, dans une dernière étreinte, pendant que le train s’engouffre dans un tunnel. L’image est explicite. L’homme, la femme et la direction se sont enfin accordés – Cary Grant est sauvé.