Un film sur la mort de Staline joué par un casting majoritairement britannique, ce n'était pas forcément l'idée du siècle mais pourtant, le résultat est loin d'être insatisfaisant. En effet, en dépit de la nationalité, de la langue, un humain reste un humain et les émotions transmises sont universelles.


Casting britannique oui, mais merveilleux casting. Aucun point faible parmi ces comédiens mais mention très spéciale à Simon Russel Beale dans le rôle du pervers et sadique Beria, lugubre chef de la police politique. Steve Buscemi, délicieux en Khroutchev et enfin un extraordinaire Jason Isaacs en maréchal Joukov.


Comme son nom l'indique, le film relate la mort de Staline et ses conséquences politiques. Tout commence comme si de rien était, lors d'un concert de musique classique où est joué le concerto pour piano n°23 de Mozart en la majeur. On sait que Staline était amateur de musique, et que son concerto préféré était le n°20 en ré mineur. Tout se passe pour le mieux jusqu'à ce que le directeur de la station de radio, qui diffuse le concert, reçoive un coup de fil mystérieux de la part du cabinet de Staline, lui demandant de rappeler dans 17 minutes précises. Mais 17 minutes à compter de la fin de l'appel ou du moment où la demande a été formulée. Les notes s’égrainent et le pauvre directeur ne sait pas quoi faire. Il rappelle Staline effrayé, et il apprend que le petit père du peuple désire récupérer l'enregistrement du concert, malheureusement, c'était diffusé en direct et pas enregistré. Catastrophe, si le grand chef n'obtient pas son disque, le Goulag n'est pas loin.


Ainsi, avec un épisode aussi banal, la terreur voisine le rire, et pendant tout le film, c'est comme ça. Staline est mal en point, faut-il appeler un médecin ? Surtout pas, il faut attendre. Staline est mort, que faire ? La peur est partout, même si le tyran est parti. Et cette peur, cette lâcheté est le principal ressort comique dont on se délecte à chaque instant. Les dialogues sont incisifs, la réalisation juste assez sobre et assez bizarre pour donner une impression que tout est faux, comme pour souligner l'absurde de ce régime totalitaire. Des acteurs qui s'en donnent à cœur joie dans la démesure, des intrigues, des complots, un humour féroce. Une très belle bande originale qui utilise la musique de Tchaikovski à bon escient. Une grande réussite. Et la chose la plus dingue, c'est que beaucoup de choses relatées dans le film s'avèrent réelles, pour qui s'intéresse un peu à la vie politique de l'ex URSS.

Andika
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le 22 avr. 2018

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