Trois ans seulement après le chef-d’œuvre de Cronenberg, la Fox accouche d’une suite réalisée par celui-là même qui avait réalisé les incroyables effets spéciaux du premier opus : Chris Walas. C’est donc en 1989 que sort La Mouche 2, racontant cette fois l’histoire de Martin Brundle, le fils de Seth Brundle et de Veronica Quaife, les deux protagonistes du long-métrage de Cronenberg. Le film de Walas commence d’ailleurs avec la naissance de Martin, dans une scène tout aussi épouvantable que celle du cauchemar de Veronica dans le premier. A la suite de l’accouchement, cette-dernière décède, et Martin se verra être pris en charge par les représentants du laboratoire dans lequel il a vu le jour. Mais le jeune Brundle n’est pas un enfant comme les autres : comme son père, il est absolument brillant, passionné par les expériences de téléportation, et il grandit également à une vitesse inhumaine. Ainsi, à cinq ans, le fils reprend les travaux du père, là où il les avait laissés, sans savoir qu’il pourrait être touché par la même malédiction que celui-ci.


Scénarisé, entre autres, par un duo improbable composé de Mick Garris, créateur de la série Master of Horrors (2005), et de Frank Darabont, à qui l’on doit les films La Ligne Verte (1999) et The Mist (2007), La Mouche 2 souffre principalement de ce trop-plein de styles d’écriture différents. Car aux deux scénaristes que je viens de nommer, il faut également ajouter les noms de Jim Wheat et de Ken Wheat, ce qui amène le film à comporter quatre scénaristes. Et c’est là le problème principal de La Mouche 2 : l’écriture alterne entre paresse et coup d’éclat, créant véritablement une qualité en dents de scie. Le long-métrage de Walas repompe allègrement toute la structure narrative du film de Cronenberg, ce qui amène le spectateur à une véritable lassitude, une lassitude qui lui donnera l’impression de regarder un film qu’il connaît déjà. Tout est cousu de fil blanc, si l’on excepte le final, tombant dans le happy ending, bien trop niais et propre sur lui.


Pourtant, malgré ces défauts d’écriture évidents, La Mouche 2 parvient à se payer, comme dit précédemment, quelques coups d’éclat qui l’empêchent de tomber définitivement dans la case de la mauvaise suite. Le personnage de Martin Brundle, véritable rat de laboratoire surveillé depuis sa naissance, a quelque chose de touchant dans son enthousiasme et son innocence, une innocence qui se transformera, bien évidemment, en rage intempestive. Si sa relation avec Beth Logan se verra particulièrement rushée et fournie de dialogues mal écrits, à l’instar de la relation entre Seth et Veronica du film de Cronenberg, celle qu’il entretient avec Anton Bartok, grand manitou du laboratoire dans lequel vit Martin et véritable père de substitution pour celui-ci, se montrera bien plus intéressante. Car c’est ce même Anton qui donnera à Martin son goût pour la « magie » scientifique, un goût que partageait Seth, comme pour le tenir occupé pendant qu’il sert de cobaye.


A ce titre, toute la séquence durant laquelle Martin découvre que le chien qu’il avait lorsqu’il était enfant est toujours en vie, et donc que son père de substitution lui a menti depuis le début, constitue, pour moi, le meilleur passage du film. Ici, Walas parvient à instaurer de véritables enjeux dramatiques qui font défaut au reste du film, surtout quand on le compare au précédent, achevant cette séquence dans un geste empli de tristesse signant, chez Martin, un changement de perception quant à sa réalité, et la fin de son innocence.


On peut également mentionner toute la séquence finale durant laquelle Martin finit par se transformer en la mouche du titre et se met à chasser tous ceux à l’intérieur du complexe. Bien que peu originale dans sa forme, malgré un petit plan-séquence assez efficace, ce passage parvient à rehausser l’intérêt du spectateur pour un script déjà-vu, orchestrant son massacre final dans un esprit proche de celui d’un Alien (1979), voire d’un Predator (1987) : un monstre surpuissant se cache dans cet énorme complexe ; le tout, pour ceux qui veulent s’en sortir, est de le trouver avant qu’il ne les trouve.


La Mouche 2 ne représente donc pas ce qu’il se fait de pire en terme de suite, mais il souffre néanmoins d’une écriture paresseuse et d'une mise en scène bien moins efficace que celle de Cronenberg (étrangement, Walas semble avoir du mal lorsqu’il s’agit de filmer les effets spéciaux de sorte à les rendre crédibles), des problèmes probablement dus à une mise en chantier trop rapide. Malgré cela, le film comporte tout de même quelques passages assez gores, dignes du premier opus, ainsi qu’une poignée de séquences très bonnes, qui rendent le visionnage du long-métrage encore plus frustrant : j’aurais aimé que tout le film reste sur la même qualité que lors de la séquence du chien de Martin, plutôt qu’il n'oscille entre très bons passages et moments affreux. Malheureusement, La Mouche 2 ne parvient pas à s’affranchir de l’aura impressionnante de son prédécesseur, à se montrer aussi impactant ; c’est dommage mais, au moins, il aura essayé.

SwannDemerville
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le 14 janv. 2021

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Swann

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