Après 4 films en 2 ans L'icône Meiko Kaji raccroche son costume de Nami Matsushima, dite Sasori. Bien décidé à ne pas laisser mourir une recette devenue aussi vite culte les producteurs ne s'embarrassent pas de scrupules et choisissent l'option du reboot, 4 ans seulement après la sortie du premier Joshuu Satori.

On entame donc le film avec une Nami Matsushima (désormais incarnée par Yumi Takigawa) ingénue et heureuse se préparant au mariage quand un odieux complot l'envoie en prison. Battue, violée, bafoué la jeune fille encaisse et mûrit sa vengeance. Rien de nouveau au mitard donc, reboot oblige le film joue la carte de la facilité et retourne donc par la case prison pour donner un WIP (Women In Prison) nettement plus classique que son modèle. Prologue (un peu longuet, nous montrant Nami en "civile") mis à part la structure du récit n'apporte rien de nouveau : Torture, admiration, mutinerie, évasion, balade mélancolique et vengeance sanglante. Un copié-collé appliqué mais sans relief. L'ensemble dissimule mal son statut de film opportuniste, les scènes chocs s'enchaînent mais leur portée s'arrêtent généralement au raccord pour la séquence suivante. L'histoire mêlant politique malsaine et vengeance intime est certes classique et pas très inspirée mais l'ensemble demeure efficace.

Derrière la caméra le novice Yutaka Kohira (qui ne fera d'ailleurs pratiquement rien d'autre) propose une mise en scène parfois efficace, souvent plate mais en tout cas jamais au niveau de l'imagination et de la puissance de celle que proposait Shunya Ito sur les 3 premiers films. Il subsiste bien quelques séquences s'essayant à l'onirisme ou à l'expérimentation visuelle mais là encore elles ont le goût de "passage obligé" pour essayer d'évoquer les glorieux souvenirs des premiers films. Histoire de ne pas trop tirer sur la corde la fabuleuse mélodie "Urami Bushi" (que l'occident à découvert avec Kill Bill) qui habitait les quatre premiers film est évacuée pour un nouvel habillage musical. Bonne décision dans l'absolu, la nouvelle chanson portant la rancune de Sasori est d'ailleurs assez réussie même si, évidemment, on peine à oublier "Urami Bushi". En revanche l'accompagnement musical de certains passage est carrément raté tant ils rappellent les pornos de ces années-là, donnant un aspect vraiment incongrue à des séquences censées être intenses ou délicates.

Et puis la jolie Yumi Takigawa fait ce qu'elle peut mais elle n'a clairement pas le charisme et l'intensité de l'inoubliable Meiko Kaji. Détail non négligeable tant un simple regard de Meiko Kaji suffisait à remplir un plan, une scène, une séquence, un film entier.

Ce reboot dispensable commet l'erreur que les films originaux avaient réussi à éviter : retourner dans l'univers carcéral pur et tomber dans la redite. La Nouvelle Femme Scorpion se laisse regarder grâce à son lot de violence bariolée et quelques passages réussis (le procès, seule originalité apportée par le récit) mais il porte clairement les stigmates du film qui n'a rien à dire et qui n'arrive pas à le dissimuler. Sasori semble donc bien morte avec le départ de Meiko Kaji.
Vnr-Herzog
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le 12 août 2012

Modifiée

le 12 août 2012

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