Le zombie en 1990.

Il faut se souvenir que ce remake de La nuit des morts-vivants, réalisé en 1968, est avant tout un moyen pour George Romero de gagner enfin de l'argent sur un film dont des problèmes de copyright ont fait qu'il est depuis libre de droits. Donc, au lieu de réaliser à nouveau la même histoire, il en confie la direction à Tom Savini, maquilleur et collaborateur régulier sur ses propres films, en plus de le coproduire et d'être au scénario, ce qui occasionne quelques changements bienvenus.

Ici, la jeune femme, jouée par Patricia Tallman, n'est plus une victime, mais une personne passive qui va prendre son destin en mains en combattant les zombies. Auprès de Tony Todd, qui incarne lui aussi un personne différent de celui joué par Duane Jones en 1968, volontiers moins sympathique, mais qui va être comme une sorte de guide pour les autres personnages. Du coup, Romero respecte globalement sa même histoire, où le message politique est sans doute moins fort, quoiqu'un plan très fort a été ajouté, et rappelle sans aucune équivoque les pendaisons du Ku Klux Klan. Mais le film est ici au premier degré, davantage action, sans lésiner sur le gore, et c'est là que le bat blesse. Notamment sur la mise en scène que je trouve d'une grande mollesse, n'arrivant jamais à donner une dimension dynamique à l'ensemble, et quelques scènes qui donnent plus envie de rire quand on voit les personnages tapent les zombies avec des planches en balsa.

Tom Savini, dont c'est le seul film qu'il réalisera durant sa carrière, se plaindra du traitement du Studio, qui a selon lui massacré le montage, mais en tout cas, ce qu'on voit là montre les germes du très bon film de genre qu'il aurait pu être. Car là, il s'agit plus d'un bon petit film d'horreur, sans la portée sociale et politique du Romero, décidément intouchable.