La Nuit des morts vivants (1968) est un film d’horreur de George A. Romero, le premier volet de sa Saga des zombies. Devenu culte au fil du temps, il fait partie de ces films ayant instigué l’horreur telle qu’on la connait aujourd’hui. Plus que tout, il tend à revisiter la figure du mort-vivant pour dénoncer la déshumanisation persistant dans une Amérique post-raciale et en pleine guerre du Viêt Nam, ce que je trouve fort en théorie. Parlons-en donc plus en détails.
Le film démarre avec Barbra Blair (Judith O’Dea) et son frère Johnny (Russell Streiner) qui se rendent en Pennsylvanie pour se recueillir sur la tombe de leur père. Une fois qu’ils y sont, Johnny s’amuse à faire peur à sa sœur en lui disant que des morts vont venir la chercher. Agacée, celle-ci s’isole, et est agressée par un homme étrange. En tentant de la sauver, son frère est tué. Elle court alors se réfugier dans une ferme à l’abandon où elle rencontre Ben (Duane Jones), un routier afro-américain, qui va la protéger des zombies à l’assaut.
Et là encore, notons un sacré tour de force pour l’époque : le héros est afro-américain ! Malgré l’abolition de la ségrégation adoptée quatre ans avant la sortie du film, les tensions raciales restaient intenses aux Etats-Unis, et je trouve formidable que Romero en ait fait abstraction en engageant juste l’acteur qui correspondait le mieux pour le rôle selon lui, qu’importe sa couleur de peau. Duane Jones incarne donc Ben, la tête pensante du film ; c’est lui qui barricade la ferme et coordonne les opérations au gré des informations communiquées par la radio et la télévision. Il est ferme et décisionnaire.
Pendant que Barbra est évanouie, il va découvrir un couple marié et leur fille cachés dans la cave, ainsi qu’un couple d’adolescents. Il proposera alors à tout le monde de rejoindre un des refuges évoqués dans une émission, ce que Harry – le mari et père – refusera de faire par lâcheté et fierté (ce qui entrainera, bien sûr, la perte de sa famille).
Et là, je rebondis sur la gestion de ce huis clos ; je trouve malin qu’y soient intégrés les éléments de la radio et de la télévision et que les personnages réagissent en fonction des informations qui leur parviennent tout en restant aux aguets, mais le déroulement des évènements, aussi réaliste possible se veut-il, reste assez foutraque.
D’accord, ils sont dans une situation surréaliste qui les oblige à prendre des décisions hâtives, sans quoi ils se feront dévorés, mais l’articulation du stade où ils s’enferment pour être en sécurité avec celui où ils prennent la décision de rejoindre un refuge au péril de leurs vies est assez brumeuse.
Par ailleurs, les personnages féminins sont mauvais, ou plutôt leurs écritures le sont. Mise à part Helen – la femme de Harry et mère de Karen – qui se démarque par sa bonté, elles sont transparentes et ne mettent pas un instant la main à la pâte. Je sais qu’il faut tenir compte des standards de l’époque mais tout-de-même, ça n’excuse pas une telle feignantise au niveau de l’écriture ! Je veux dire, Barbra reste le plus clair de son temps plantée sur le canapé avec des yeux de merlan frit dû à un état de choc et Judy ne sait rien faire sans que son mec ou Ben ne le lui demande, pardon, impose. C’est pitoyable ! Puis d’un point de vue général, à part Duane Jones qui joue correctement, les acteurs ne sont pas des plus expressifs, ce qui représente un gros problème quand l’enjeu du film est la survie d’un groupe face à des monstres.
Autre point pas terrible, les dialogues, qui sont soit ineptes, soit redondants. Par exemple, Ben n’arrête pas de dire « il faut que l’on sorte/parte d’ici ! » tout le temps. Aussi, les zombies sont ridicules. Et l’ensemble de ces défauts fait que l’on s’ennuie. En effet, comme je l’ai dit plus tôt, le film est loin d’être effrayant, les seuls moments gores se rapportant au cannibalisme des zombies, et encore !
Il y a une scène où ils sont censés manger des personnages morts calcinés mais dont on aperçoit les membres tout proprets, non brûlés, ce qui enlève toute crédibilité pour moi.
J’imagine que pour l’époque, cette violence était choquante mais pour aujourd’hui, ça ne l’est plus du tout, à l’exception de deux scènes peut-être.
En fait, La Nuit des morts vivants n’est étouffant que par son image en noir et blanc, sinon il n’est pas bien excitant. Il pose les ingrédients du film d’horreur moderne sans les transcender. Ça rend le commentaire sociale de son réalisateur faiblard, malheureusement. Au final, je ne retiendrai de ce film que mon envie de rouster l’apathique Barbra. Ce sera un 4/10.