Dans le registre de l'invasion animale on a l'école des grosses bêtes qui font peurs, des animaux domestiques qui deviennent hostiles et celle des petites bestioles qui dégoûtent. Pour son tout premier film Jeff Lieberman , futur réalisateur de Blue Sunshine, Survivance et Au Service de Satan choisit l'option étonnante des lombrics tueurs. Grouillante, visqueuse et poisseuse la menace de Squirm ou La Nuit Des Vers Géants est assez singulière et sera reprise versant comédie vomitive avec Worm Eaters de Herb Robins l'année suivante.

La Nuit Des Vers Géants nous raconte l'histoire de Mick un brave citadin venu retrouver pour quelques jours sa petite amie dans un bled paumé de Georgie. Le jeune homme arrive tout juste après une tempête qui a ravagée la ville la privant d'eau, d'électricité et de téléphone. Mais surtout en tombant sur le sol mouillé un pilonne électrique semble avoir fait sortir de terre une masse de vers aux pulsions meurtrières.

La Nuit des Vers Géants n'est pas un grand film d'horreur mais l'ensemble reste sympathique et amusant. Le film souffre surtout d'une bien trop longue exposition se focalisant sur des éléments un peu bateaux autour de ce citadin débarqué dans une campagne un peu hostile. Mick (Don Scardino) va assez vite se heurter à un jeune homme du coin qui convoite sa petite amie et surtout au shérif local qui refuse forcément de croire les allégation d'un jeune trou du cul de la ville venant l'alerter d'un possible danger. Durant près de 70 minutes les vers se feront des plus discrets à l'écran le réalisateur souhaitant respecter une certaine cohérence scientifique qui veut que les lombrics comme les vampires se cachent de la lumière du jour et du soleil. Les séquences chocs sont donc assez rares mais marquantes à l'image de ce type attaqué par des vers se glissant sous la peau de son visage lors d'une partie de pêche, un effet rudimentaire mais diablement très efficace réalisé par un débutant du nom de Rick Baker qui deviendra par la suite l'un des plus grand maître des effets spéciaux. Je n'irais pas jusqu'à dire que l'on s'ennuie mais le film ne donne rien de vraiment palpitant à voir. L'histoire avance au rythme d'un vers sur une toile cirée et l'intrigue installe lentement ses protagonistes pour l'acte final , la fameuse nuit avec des vers géants. On notera toutefois de la façon dont Jeff Liberman s'amuse parfois de l'analogie entre les lombrics et certains aliments en nous montrant par exemple des gosses dévorant des sucreries en forme de long vers ou le sheriff aspirant des spaghettis plein de sauces. Concernant les vers ils ne sont pas vraiment géants mais tout de même plus costauds que nos lombrics à nous, tout est définitivement plus gros en version US. Le film utilise de véritables vers stimulés (pour ne pas dire grillés) à coup de décharges électriques et souvent mélangés à d'autres factice en caoutchouc. On parle tout de même de plus de 250 000 vers marins utilisés et sacrifiés pour le projet ce qui causera carrément une pénurie auprès des pêcheurs locaux. Parfois filmés en masse ou en gros plans dégueulasses les vers sont étrangement accompagnés de cris provenant du son mélodieux de cochons dans des abattoirs, Squirm n'est définitivement pas un film pour écolo spéciste. En tout cas si les véritables vers font forcément leur petit effet, ceux factices et trop uniformes sont beaucoup moins convaincant donnant la sensation d'un plat de spaghettis sauce tomate filmé en très gros plan.

Il faudra donc attendre la dernière demi-heure pour que La Nuit des Vers Géants prennent enfin toute sa dimension. Pour l'anecdote Jeff Lieberman conseille de voir son film en noir et blanc après l'avoir découvert ainsi lorsque qu'une chaîne de télévision l'a diffusé ainsi par erreur avec un soucis technique. Et on pourra facilement comprendre cette proposition du réalisateur tant le noir et blanc doit un peu brouiller la différence entre vrais et faux vers et surtout la dernière partie du film se déroulant de nuit sans électricité, les personnages évoluent avec des bougies offrant des jeux d'ombres souvent inquiétants sans doute décupler par l'absence de couleurs. Jeff Lieberman soigne aussi sa mise en scène en adoptant presque le point de vue de ces bestioles avec de nombreuses contre plongées inquiétantes sur les personnages et quelques vues subjectives type slasher mais au ras du sol. La Nuit des Vers Géants fait enfin son petit effet avec une certaine tension et quelques scènes étranges comme ce corps porté par le flux des vers et se déplaçant en rampant au sol comme si lui même était devenu un vers. Dans un autre registre il faut aussi noter la séquence assez spectaculaire montrant un arbre qui tombe sur le décor d'une maison car ces saloperies de vers en ont bouffé toutes les racines . La scène est d'autant plus marquante que c'est un véritable arbre que le réalisateur a balancé sur le décor avec les acteurs dedans.

Squirm est donc une petite série B assez sympathique qui joue à merveille et avec une certaine malice sur l'aspect repoussant et dégouttant de sa menace grouillante et visqueuse. C'est pas tous les jours que l'on voit des lombrics pousser des cris de cochon, abattre des arbres comme des bucherons canadiens, se venger d'un pêcheur et se réunir pour une partouze version plat de spaghettis ; rien que pour ça j'ai envie de chanter très fort : "Qui c'est les plus forts évidemment c'est les vers ... "

freddyK
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le 30 nov. 2022

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Freddy K

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