Histoire à dormir debout ?
Elle est parfois ténue, la frontière qui sépare le nanar du chef-d’œuvre. "La nuit du chasseur" doit être vue comme une fable, sous peine de tomber dans le ridicule, à l'instar du plus récent "No Country for Old Men". Même méchant charismatique et névrosé, même fond de crise économique, et mêmes incohérences du scénario, qui relève plus du conte de fée qu'autre chose.
Mais contrairement à "No Country...", "La nuit du chasseur" ne fait pas, ou plus, peur. Que reste-t-il aux contes de fées lorsqu'ils n'effraient plus ?
Il reste l'ambiance, et à ce niveau "La nuit du chasseur" atteint un incroyable niveau d'excellence. Le personnage de Shelley Winters allongée sur son lit et éclairée par la lune, l'embrasure de la fenêtre formant un cercueil autour d'elle... Les scènes pendant la poursuite de nuit, le crapaud qui regarde les enfants passer en barque, la vision du cavalier de découpant sur l'horizon depuis la grange... Autant de scènes sublimes et mémorables. Dans les références rétroactives, j'ai pensé à "Limbo" pour ses niveaux de gris tout en subtilité.
Et pour une fois, des enfants sont bien dirigés dans un film, ce qui évite l'écueil "roue libre et tête à claque". On passera donc sur le McGuffin éventé en 2 secondes et sur un début de film un peu pesant.