La Papesse
5.6
La Papesse

Film de Mario Mercier (1975)

La Papesse, sortie en 1975 puis classifié X après une semaine d'exploitation, est un film de Mario Mercier, un réalisateur qui se tournera ensuite plus volontiers vers la poésie, la littérature et la peinture que le septième art. Les obsessions qui traversent l'œuvre de ce niçois de naissance sont le rapport à la nature, le spiritisme, la sorcellerie et le chamanisme. On retrouve forcément tout ceci dans La Papesse un film entre le folk horror psychédélique et les audaces du fantastique érotique des seventies.


La Papesse nous raconte l'histoire d'un couple qui vit dans une vieille maison paumée en pleine nature. Le couple s'engueule et menace de se séparer car madame n'adhère pas vraiment à la quête de spiritualité et de magie de son mari lequel fréquente une étrange communauté dirigée par une mystérieuse papesse. Afin de totalement trouver sa place dans cette secte l'homme accepte de livrer sa femme aux épreuves et sévices du groupe pour atteindre son but.


Il flotte sur La Papesse un peu côté Jean Rollin, on y retrouve ce même rythme lancinant proche du rêve, ce même érotisme constant, ce même amour pour les décors naturels et surtout ce même gout pour les comédiens pas très professionnels et assez figés, puis bien sûr les dialogues un peu ampoulés récités de façon monocorde. Une façon un peu poli de dire que La Papesse est un film d'auteur pas toujours des plus palpitant et qui demande une certaine exigence d'attention et de tolérance de la part du spectateur. Un façon très poli de dire que oui c'est tout de même un peu chiant sur les bords et au milieu aussi. Mais La Papesse n'est pas inintéressant pour autant et le film de Mario Mercier possède aussi quelques atouts solides à commencer par son ambiance folk horror planante et la description des rites païens et violents de cette secte composée de loubards rasés, de femmes peu frileuses et de hippies hirsutes. Mario Mercier est bien plus trash et plus cru dans sa représentation de la violence que Jean Rollin qui reste (presque) toujours dans une vision très romantique du rapport au sang et à la mort. Ici on est pas loin du cinéma d'exploitation plus crapoteux, Mario Mercier montrant sans toutefois tomber dans la complaisance son héroïne se faire violer puis réduire à l'état de bête marquée au fer rouge et nourrie de détritus comme une truie. Le film baigne ainsi dans une ambiance étrange faites d'excès, de rites sado masochiste, de délires psychédéliques et de sabbat mais le tout filmer avec une certaine douceur. Esthète, peintre et poète Mario Mercier soigne ses cadres et ses ambiances entre matins brumeux, cauchemars hallucinés et fiévreuses messes noires. Sans faire de leçons de morale , le film montre aussi l'avilissement physique et psychologique d'une personne prise dans les griffes d'une dérive sectaire et sans retour


La Papesse reste une curiosité pas totalement désagréable mais le film est aussi d'un ennui assez assommant du fait de l'absence de véritable trame narrative et de comédiens et comédiennes vraiment convaincants. Le film est globalement assez froid et rigide, comme si il ne laissait finalement pas vraiment de place aux spectateurs pour venir s'accrocher à son récit ou à ses personnages. Du coup j'ai franchement décroché après 45 minutes continuant de regarder entre fascination et indifférence cet étrange sabbat de corps nu(e)s s'agitant un peu vainement dans mon écran. Et lorsque la fameuse papesse interprété par l'énigmatique Géziale sur laquelle plane toujours quelques mystère autour de véritables activités mystico-occultes, le film me donne soudainement plus envie de sourire. On sent pourtant que Mario Mercier filme les rites avec à la fois distance, fascination et respect et le grand sabbat nocturne avec ses jeunes filles et garçons qui dansent frénétiquement nus (le film tourné en hiver explique un peu le besoin de se réchauffer) fait tout de même son petit effet d'inconfort. Pour en revenir à la jeune Géziale qui serait donc une authentique prêtresse chamanique limite sorcière, elle aurait selon la petite histoire apportée aux films de nombreux objets personnels de culte païen et l'authenticité de quelques rituels.


Si vous aimez les messes noires, les ambiances psychédéliques, les scènes de flagellation, les nénés, les trucs bizarres, les films rares, les ambiances folklore et sorcellerie et les obscurs et impénétrables objets du désir vous devriez passer un bon moment. Pour peu que vous adoriez tout ça en même temps, La Papesse de super Mario pourrait bien devenir votre film culte.

freddyK
5
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Seul Au Monde (Ou Presque), 2022 : Films vus et/ou revus et 1975 - Une Horrible Année

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le 20 mars 2022

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Freddy K

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