La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume est (déjà) le 10ème film de la franchise, et prend place près de 300 ans après les évènements de la trilogie sortie au cours de la dernière décennie. Une trilogie qui occupe une place assez importante dans mon cœur. Avec un premier volet clairement oubliable, mais un deuxième et troisième film signés Matt Reeves, que je considère personnellement comme étant deux réels chefs-d'œuvre. Cette trilogie aboutissait par ailleurs à une fin que je trouvais parfaite, ce qui me faisait fortement douter de l'intérêt d'une suite. D'autant plus de la part de Wes Ball, le réalisateur de la trilogie Le Labyrinthe. Et c'est tout. Pas incroyable le CV du bonhomme.


Mais il faut le dire, c'est plutôt une bonne surprise. Tout d'abord, visuellement, c'est absolument splendide. De la même manière que pour la trilogie récente, la modélisation numérique des singes en motion capture est bluffante de réalisme. Les comédiens derrière font un boulot formidable, et on parvient à lire précisément les émotions sur le visage des différents primates. Idem pour les décors, que j'ai trouvés somptueux. Dans ce genre de productions américaines bourrées de numérique, on a souvent tendance à avoir des décors très lisses et très peu mis en valeur, de par un montage surcuté. Il faut le concéder, ici le film est assez généreux à ce niveau-là, avec quelques plans et moments contemplatifs vraiment magnifiques. Pour pinailler un peu, j'ai malgré tout trouvé que l'ensemble était un poil lisse, et je n'ai pas ressenti une totale révolution technologique, comme c'était le cas dans les opus de Matt Reeves.


Le film est assez long (2h30), mais j'ai trouvé qu'il était plutôt bien rythmé, avec un premier tiers qui prend son temps pour caractériser le nouveau contexte et les nouveaux protagonistes de ce récit. C'est très contemplatif, mais ça me fait vraiment plaisir de voir un film soigner la mise en place des codes de son univers. Et ainsi prendre le spectateur à contre-pied, en devenant presque l'antithèse du film d'action. Le deuxième tiers, quant à lui, est selon moi la meilleure partie du film, puisqu'il va soulever tout ce qui est enjeux moraux entre personnages. Enfin, le dernier tiers va un peu reboucler le tout, en se terminant par ailleurs sur une fin ouverte (qui attise pas mal ma curiosité).


J'ai d'ailleurs remarqué que le film avait beaucoup de similitudes dans sa construction narrative avec Avatar 2. Sans rien en dévoiler, on a une première partie avec le peuple de la forêt, une deuxième partie avec le peuple de l'eau, et un climax final en intérieur à base d'inondation.


Au global, le récit prend la forme d'un road-movie, notamment mené par Noa (un singe), et Mae (une humaine). J'ai mentionné en introduction que Wes Ball avait réalisé la trilogie Le Labyrinthe, et c'est en fin de compte pas si anodin. Déjà par ce travail sur les décors post-apocalyptiques avec une végétation luxuriante. Mais surtout par le personnage de Mae, qui semble tout droit sorti des films Le Labyrinthe, ou d'ailleurs de n'importe quel autre teenage movie, comme Hunger Games ou Divergente. Et ça ça m'a posé un vrai problème tout le film.


Parce que de la première à la dernière image, je ne suis jamais entré en résonance avec ce personnage. Et malheureusement, c'est grosso modo la seule attache émotionnelle humaine du film. Je trouvais que dans les 2 volets de Matt Reeves notamment, la connexion entre les humains et les singes était bien plus impactante. Je ne les ai pas revu depuis, peut-être que mon avis serait différent aujourd'hui, mais j'en doute. Et malheureusement ici, je n'ai pas réussi à passer outre cette caractérisation ultra-lisse, avec l'impression de voir en permanence une pseudo Lara Croft.


Je trouve donc cet opus globalement moins intéressant dans ses thématiques que les volets précédents. Alors ce nouveau volet en soit est totalement justifié, puisqu'il aborde effectivement un nouveau point de vue. À savoir un monde totalement contrôlé par les singes, et où au contraire ce sont les quelques très rares humains rescapés qui cherchent à s'affranchir d'une domination. Comme je l'ai dit, j'ai beaucoup aimé le deuxième tiers, puisqu'il questionnele principe-même de société. Avec un gros rapport de force, mais surtout l'utilisation presque religieuse, messianique, de la figure de César, afin de contrôler le peuple.


C'est d'ailleurs très malin de poser la figure de César comme point d'orgue de ce récit, car ça fait ressentir au spectateur que l'histoire de la dernière trilogie a vraiment compté dans cet univers. On reboucle avec la licence de manière respectueuse, tout en proposant quelque chose de différent. Ce qui je trouve est quand même notable, dans une ère où l'industrie Hollywoodienne propose en permanence des suites un peu gratos. Mais surtout des remakes et des reboots, qui prétendent réinventer un univers, mais qui au final n'en font rien.


Malgré tout, j'ai trouvé encore une fois que la plupart des questionnements soulevés par le récit manquaient cruellement de profondeur, et n'atteignaient malheureusement pas les questionnements moraux déjà observés dans cette saga. En particulier, comme je l'ai dit, dans la relation entre humains et singes, que j'ai trouvé assez vaine ici. En fait, je me rends compte que parmi les personnages, tous les animaux sont réussis, et le peu d'humains qu'il y a sont un peu chiants et lisses. C'est peut-être juste une belle métaphore de la réalité.


Malgré tout, j'ai passé un vrai bon moment devant ce nouvel opus. Ça reste un très bon film, avec un bel artisanat, des visuels splendides et un univers dément. Mais force est de constater que ce nouveau récit est finalement assez creux en termes de questionnements et de réflexions, ce qui est pourtant selon moi toute l'essence de cette franchise. Pour mettre les choses au clair, on est bien loin de la soupe tiédasse de blockbusters que nous sert Hollywood ces dernières années. Mais je suis malheureusement biaisé par mes attentes et l'amour que je porte à cette saga. Cependant, en y réfléchissant, si ça lance une nouvelle trilogie, en soit, je trouve ce premier volet bien plus créatif et réussi que celui de la trilogie précédente. Ça en fait donc une œuvre importante de cette année 2024, que je vous encourage fortement à découvrir en salles.



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le 8 mai 2024

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