De nouveau un film de science-fiction s’inspirant de l’œuvre La planète des singes de Pierre Boulle ou un blockbuster plus intelligent que ces prédécesseurs ? La Planète des Singes : Les Origines n'est ni un remake ni une suite de la saga originale lancée en 1968 : il s'agit d'un pré-quel et c’est en cela qu’il est original. Nous ne sommes pas dans un monde futuriste où les singes ont la même intelligence humaine comme les films de Tim Burton en 2001 et J. Schaffner en 1968. L’œuvre de Rupert se distingue donc par son récit, il se place avant La planète de singes, aux «origines» donc. Nous retrouvons un monde que nous spectateurs, nous connaissons, et non pas un monde futuriste fantasmé.
La Planète des Singes : Les Origines nous présente des expériences scientifiques portées sur des singes, dont une, la plus importante, permettant de lutter contre la perte de mémoire. Mais le scientifique Will Rodman (James Franco) va très vite s’apercevoir que son remède miracle permet d’accroître les capacités cérébrales du sujet. Et c’est ainsi qu’est apparu César, un bébé singe qui a été trempé dans la marmite de potion magique à la naissance ; sa mère Beaux Yeux était le sujet expérimentale du produit 12 et abattue pour avoir voulu protéger son petit. Will le recueille chez lui et c’est là que nous découvrons, sur plusieurs années, l’évolution miracle de César jusqu'à ce que le singe mutant est assez de jugeote pour s'apercevoir que tous ceux de son espèce sont des cobayes de laboratoire. C'est ainsi que César retourne sa veste et engage sa révolution animale.
La promiscuité aveugle avec l'amour d'une espèce primate demeure crédible, un brin cruel dans son rapport de force, l'intelligence et la conscience faisant tout l'attrait paradoxale entre l'homme et l'animal. Un animal bien plus humainement simple, un humain simplement plus passionné de son pouvoir, une maladie d'Alzheimer irréversible représenté par le père de Will.
Le syndrome de « King Kong » plane sur le cinéma Américain depuis 1933. Nous pouvons définir ce syndrome comme l'irruption traumatisante et destructrice de la part "animale" de l'humanité dans la plus élaborée des civilisations. Nous retrouvons d’ailleurs des similitudes très proches avec le King Kong originel ; la mère de César est capturée alors qu’elle vit à l’état sauvage, comme ce fut le cas pour le grand singe d'Hollywood. Nous pouvons avoir l'impression de voir un film Walt Disney avec des héros très lisses et trop gentils, des gardiens de fourrière très méchants tout droit sortis de Beethoven, un voisin de palier caricatural, des répliques et des situations vues et revues. Mais si nous regardons en profondeur l’œuvre de Rupert, il ne s’agit pas simplement d’un film qui montre le mauvais traitement des animaux par les méchants humains. Nous retrouvons ainsi dans ce blockbuster, un reflet de la société actuelle. D'abord nous remarquons que l’évolution de César se fait à l’abri des regards, dans un endroit intime, la maison de Will. Le singe n’a pas le droit de sortir sauf accompagné par son maître dans un endroit plus libre et isolé ; la forêt de pin est comme un paradis rousseauiste pour un idéal primate, mené d'une façon évidente, un brin cliché. Mais quand celui-ci enfreint les règles, l’extérieur le rejette car il est différent. Étant pourtant doté de la même intelligence que les humains, celui-ci n’est pas accepté car il est étranger. Le film fait donc référence à la peur des étrangers qui règne dans le climat actuel des États-Unis. L’étranger (pourtant aussi humain et intelligent que n’importe quels américains) est différent et fait peur, qu'il soit étranger culturellement, territorialement ou par sa religion. Il est donc rejeté et méprisé par une grande partie des républicains du pays. L’élection du président Donald Trump cette année en est la preuve même. César sera enfermé dans une «prison» pour être sorti de chez lui et pour avoir essayer de protéger le père de Will. Nous retrouvons également des gestes fortement politisés dans cette prison; pour punir le singe moqueur, le gardien de prison n’hésite pas à l’humilié et à le torturer avec un jet d’eau surpuissant. Nous pouvons y lire une critique des conditions de prisons aux États-Unis, ou le dialogue est totalement absent, où la violence règne entre gardiens et détenus. Au-delà de ça, nous savons que cette même année 2011, Oussama Ben Laden est assassiné par des militaires américains. Certains anciens responsables politiques, sous la politique de Bush, affirment que plusieurs informations cruciales sur la position de Ben Laden et ses agissements, ont été obtenues par des méthodes de tortures, dont la simulation de la noyade avec les jets d’eau sur des prisonniers.
De plus, l’œuvre dénonce les minorités faibles, qui sont isolées ensemble et qui n’ont pas de poids politiquement. Dans la «prison» où est enfermé César, les singes sont à la merci des hommes. César arrive finalement à communiquer en langage des signes avec un autre grand singe; il comprend que les singes intelligents n’ont pas leur place mais qu’en étant ensemble, un groupe, ils peuvent être plus forts. César comprend alors toute l’injustice qu’il subit et va vouloir se venger au nom de tous les singes. La révolution animale de fin montre que l’homme, malgré ces armes a feux, est faible et se fait littéralement écrasé par les singes. Finalement les singes sont aussi des tueurs que les hommes mais prennent la place de victimes qui se venge pour toute l’injustice et la maltraitance qu’ils ont subi. Le spectateur ne peut pas voir les animaux comme des «grands méchants» mais plutôt comme des justiciers contre la discrimination. Il s’agit d’un grand thème du blockbuster, le héros hors la loi qui fait la justice car la politique du pays ne peut le faire. César pourrait même être comparé à ces vengeurs masqués humains puisqu’il réussit à prononcer pour la première fois le terme fort «NON» et donc ne se place plus en position de victime. En réalité, à ce moment le film prend une nouvelle tournure assez mauvaise ; La violence doit-elle être résolue par la violence? César qui a été mal traité par les humains doit-il les tuer pour se venger ? Finalement, le film affirme que les hommes sont des monstres et ces monstres créent également des monstres (des singes tueurs). C’est ainsi que le l’œuvre se termine et en fait un film apocalyptique car le virus va se propager sur toute la planète et que cela va engendrer le déclin de l’humanité. C’est l’Homme qui est seul responsable de sa perte.
La qualité de ces images de synthèse reste tout de même le gros point positif du film. ; César paraît tellement vrai qu’on s’attache à lui dès qu’on le premier plan où il apparaît bébé. Mais l'on ne peut pas s'en contenter ; le temps où l'on était bluffé par les effets spéciaux semble lointain dans un cinéma ou rien ne paraît impossible. Sans un bon scénario, l'ennui est là, la première partie du film semble interminable et la seconde expédiée. Et c'est bel et bien dans le même piège que le film Avatar que l'on est pris avec ce film. Le réalisateur, tellement satisfait de son jouet, nous inflige même quelquefois des scènes tape-à-l'œil (des très gros plans sur le visage de César et la scène de fin avec tous les singes en action). Ce manque au niveau du scénario est créé par des personnages vides, comme le personnage de Caroline, potiche et creuse qui semble être présente seulement pour qu’il y ait un personnage féminin dans le film. Il est vrai exclusivement des hommes à l’écran. La femme n'a que l'image maternelle, Carie devient la maman protectrice comme Beaux Yeux l'a été.
Ainsi La Planète des Singes : Les Origines se distingue par son récit différents de ces prédécesseur. Le réalisateur fait le choix de montrer le climat actuelle aux États-Unis par le blockbuster. Ainsi, le film peut être vu et compris par tous. Les dénonciations sont notamment plus fortes grâce aux personnages très réussis qu’est César et auquel on s’attache très facilement. Malgré cela, l’œuvre tend sur des longueurs par des soucis scénaristes et des personnages vides de sens.

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le 21 févr. 2017

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