Une conclusion tragique et épique

"La Planète des singes : Suprématie" boucle la trilogie de la même manière que "Les Origines" l'avait commencé: magistralement. Fait rare pour une série de films, les épisodes s'améliorent au fur et à mesure du temps. Le premier avait bien dépoussiéré la saga des années 60-70 et posé les bases de l'univers, le deuxième avait mis la barre au-dessus en développant la société simiesque et la peur des hommes de l'inconnu, le troisième parachève cette série en montrant la folie des hommes, la peur de régresser au stade animal, l’avènement de l'âge simiesque. Les passerelles avec la saga d'origine sont bien expliquées: comment les singes ont pris le pouvoir, pourquoi certains humains ont perdu la faculté de parler, pourquoi César a ce rôle messianique... Malgré la performance de plus en plus hallucinent de la capture de mouvement, les effets spéciaux restent assez limités et sont utilisés à bon escient. Le film reste un film de guerre, mais plus dans l'esprit d'"Apocalypse Now" ou "La ligne rouge": la guerre est montrée à travers quelques scènes mais on s'attarde beaucoup plus sur la psychologie des personnages, à la philosophie qu'implique la guerre que sur la guerre en elle-même. Le personnage de Woody Harelson par exemple est et reste un personnage fanatique, violent, tortionnaire... un véritable criminel. Néanmoins le personnage reste profondément humain et on ne peut malheureusement pas le rejeter totalement. Au fond de nous on se dit: pourrais-je devenir comme lui dans de telles circonstances? La peur de perdre le contrôle sur nous-même, la peur d'être dominé, de voir sa descendance dominée pourrait facilement nous faire basculer dans cette spirale de violence. L'écriture est intelligente, les effets spéciaux bluffants, la mise en scène vraiment belle (les scènes dans la neige, en bord de mer... sont de toute beauté). Bien sûr les actrices et acteurs sont toujours aussi magistraux, Andy Serkis en tête. Le travail d'acteur sur les singes est toujours aussi grandiose: le regard très humain nous permet de nous identifier aux personnages, mais le comportement simiesque comme la démarche, le langage... nous rappelle qu'ils ne sont pas purement anthropomorphiques. Le frisson et l'émotion sont évidemment au rendez-vous.

Un film de science-fiction intelligent, un très bel hommage à la série originale qui achève l'une des meilleures trilogies du cinéma. Un véritable chef d’œuvre qui marquera longtemps les esprits et espérons qu'Andy Serkis recevra enfin un Oscar du meilleur acteur pour sa prestation boulversante.

Je le recommande pour les fans de la saga originale des années 60-70, pour les fans des deux précédents opus et les fans d'Andy Serkis, évidemment.