Un genre de film Italien qui n'a jamais réussi à s'exporter au-delà des Alpes est le "Poliziesco", ou polar à l'italienne. Ces films souffrent d'une mauvaise image en raison de leur "réalisme" (l'action se passant en pleine rue) et de la solution proposée face à la criminalité : la violence! Au contraire des aventures de l'inspecteur Harry, ce genre n'a pas encore été vraiment réhabilité par la critique et les éditeurs de DVD. Les accusations de néo-fascisme sont absurdes puisque de nombreux scénaristes étaient membres du PCI, et dénonçaient la collusion entre le pouvoir politique et la Mafia. (Bon d'un autre côté je n'ai pas encore vu les films les plus polémiques mettant en scène Maurizio Merli).
S'il y a bien un Poliziesco qui ne mérite pas cette réputation sulfureuse : c'est celui-là.

Ce film raconte l'histoire de Cipriani (Oliver Reed), un vice-directeur de prison, dont la femme Anna (Agostina Belli) est kidnappée. Pour la retrouver, Cipriani doit faire s'évader le voyou Milo Ruiz (Fabio Testi). Mais celui-ci ne comprend pas qui et pourquoi on veut le libérer. Les 2 hommes, traqués par les conspirateurs et les forces de police, doivent aller jusqu'à Paris pour espérer sauver Anna et eux-mêmes d'un complot qui les dépasse.
Bien que ce ne soit plus un western, Sollima en profite pour reporter ses thématiques habituelles : l'amitié virile, la prise de conscience par un justicier de l'injustice du système, le petit aventurier broyé par une machination... Dans ce sens, La poursuite implacable est un remake actualisé de Colorado.
Le scénario distille avec efficacité dialogues et action, message politique et scènes érotiques! Les deux seuls reproches qu'on puisse lui faire sont : la grande scène de fusillade dans les rues de Paris (la France Pompidolienne n'étant quand même pas le Far West) sans le moindre témoin, et la superficialité du personnage d'Agostina Belli, d'abord MacGuffin puis simple demoiselle en détresse.
Le casting est très bon : Fabio Testi et Oliver Reed sont des gueules charismatiques, Daniel Beretta (futur doubleur de Schwarzenegger) surprend en chanteur de variété, on remarquera Bernard Giraudeau dans un petit rôle de maffieux...
Ennio Morricone s'est surpassé au niveau de la musique, avec un thème mélancolique qui évite le sirupeux (repris dans Inglourious Basterds), un thème de suspens de 12 minutes de haute volée et même un thème au violon, digne de la grande musique classique.

Sergio Sollima prouve avec ce film qu'il n'est pas qu'un simple "Sergio" réalisateur de westerns spaghettis. Il s'agit d'un grand réalisateur qui mériterait une plus grande reconnaissance.

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le 14 août 2014

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le 14 août 2014

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Jibest

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