La prière a l'excellent postulat de ne pas miser sur la délivrance d'un message mental (religieux), mais sur la ténacité et les choix rencontrés par les personnages, ainsi que par une émotion brute qui passe directement à travers l'image (l'immersion dans la communauté est totale). Si les dilemmes de foi arriveront par la suite, notamment avec une étape inattendue en lien avec l'affiche (l'aspiration au sacerdoce, ici avec les dilemmes qu'il implique aujourd'hui), c'est avant tout celui du sevrage de l'addiction qui occupe l'essentiel du long métrage. Une thématique ô combien universelle et qui aura vocation ici à parler en toute intimité au plus grand nombre, avec la force des réaction. Les sevrages sont difficiles et les étapes coûteuses, et la progression palpable. Un des rares petits regrets qu'on puisse avoir serait de ne pas voir davantage d'évolution auprès de toute la communauté, même si de ce point de vue, beaucoup bougent et quelques uns restent. Les portraits face-caméra sont à ce titre un modèle d'efficacité, une immersion totale, qui impacte complètement le spectateur. Se fermer au film sous prétexte de son contexte religieux serait une erreur, on peut aisément se déconnecter de la chose (tout du moins avant l'aspiration au sacerdoce) en remplaçant la Foi par la détermination. Mais la première a l'avantage d'être une volonté Supérieure, qui justifie d'être placée en amont et d'y consacrer sa personne, et son mode de pensée (qui a conduit à l'addiction). Pas dépourvu d'humour mais toujours très premier degré dans tout ce qu'il entreprend, La prière avance et laisse surtout le spectateur se faire son idée, autant qu'il peut profiter des paysages et d'un cadre réellement apaisant pour se retrouver. Simple et franc, La prière fait son office tout en revigorant les spectateurs, avec une énergie réelle et subtile, qui mérite clairement un visionnage.