Un film qui échappe à l'académisme.
Adapté d'une nouvelle de Madame de LaFayette, le film se différencie quand même pas mal, ne serait-ce que par le rôle de Lambert Wilson, qui est un peu le point névralgique de l'histoire.
Dans un film de costumes, on a toujours peur du côté guindé, de jouer sur la reconstitution, de voir les acteurs parler en vieux François, mais comme souvent chez Tavernier, ce dernier joue des conventions, pour donner un film étonnamment moderne, très actuel, et d'une grande réussite.
Ici, on rue dans les brancards des conventions, avec des personnages qui n'hésitent pas à se salir ou à jeter leurs capes, à casser les règles d'un duel à l'escrime où ça devient un combat de chiffonniers, où les règles concernant la sexualité, rarement évoquée dans des films d'époque, sont balayées.
Mais, à l'image de Marie de Mézières, c'est un film qui se veut libre, qui se veut effronté, et quel bonheur de voir ça, quel bonheur de voir des acteurs aussi bons (Gaspard Ulliel qui ressuscite, Lambert Wilson qui gagne de plus en plus en profondeur de jeu, Raphaël Personnaz qui est une vraie révélation, Mélanie Thierry qui nous prouve qu'elle peut être vraiment excellente.... et la liste est longue) et aussi dévoués à leurs rôles.
Quant à la mise en scène, elle démarre par un magistral plan-séquence d'une fin de bataille, et le film est de cet avenant ; ample, avec de très beaux effets d'appareils, volontairement portée vers le Western (d'ailleurs, on pense plus d'une fois à "La prisonnière du désert"), et une magnifique composition musicale de Phillipe Sarde.
Comme je le disais, le thème du film est étonnamment moderne, où une jeune femme se retrouve victime d'un mariage arrangé et, telle une marchandise, elle se retrouve ballotée entre divers prétendants sous fond de guerre.
Et le film présente une délicieuse ironie entre le Prince de Montpensier qui est fougueux, combattif sur le champ de bataille, et qui est incapable de conquérir celle qu'on lui a choisi. D'ailleurs, il y a une scène magnifique, où, pour prouver que la princesse était vierge durant la nuit de noces, le dépucelage se fait en présence d'un (petit) auditoire afin de voir la tache de sang confirmant cet état.
Tout le film est comme ça, assez inattendu, assez culotté, et c'est vraiment à l'image de Bertrand tavernier, qui est un réalisateur assez imprévisible, c'est l'essence d'un film très réussi !