"Tu me prends pour une sotte, moi je te trouve bizarre... Soyons amis."

Laurent Terzieff est beau (très beau), froid et possède quelque-chose d’un prédateur, là, dans le regard…

Elisabeth Wiener est belle, sensuelle, fragile, amoureuse et tout cela se voit, là, dans le regard…

De très bons acteurs dirigés d’une main de maître par un grand réalisateur, Henri-Georges Clouzot, auquel je ne ferais pas l’offense de le présenter ici. Il offre son dernier film, le premier en couleur… et quelle réussite ! D’un point de vue uniquement visuel, j’ai trouvé cela parfait. Original, se plaisant à jouer avec les couleurs et surtout avec les formes, comme celles des œuvres d’art contemporain omniprésentes qui parsèment les décors du film, le tout explosant dans une séquence finale onirique ou le réalisateur se lâche pour notre plus grand plaisir, le mien en tout cas.

Mais La prisonnière ne se contente pas d’être un bel objet cinématographique vide. Le sens y est, la réflexion, un érotisme jamais trop affiché mais ô combien présent, troublant voir dérangeant. Car nous sommes réduit, et ce dès la scène d’ouverture, ou ce refoulé de Stan, aimant soumettre les femmes à défaut de pouvoir les aimer, joue avec des poupées en plastique, à un rôle de voyeur dans lequel, admettons-le, on se complaira pendant 1h40.

Stan flirte avec les abysses, mais, comme lors de cette géniale scène sur le toit de son immeuble (où l'on sent le talent bien connu de Clouzot pour faire monter la tension), est-il prêt à quitter ce statut de lâche qui est le sien ? Lâche devant l’amour, le vrai, pur, celui qui le fera fuir, souffrir… Au fond, la plus courageuse ici c’est bien Josée, Josée qui acceptera elle de se regarder dans le miroir, sans détourner les yeux, assumant ce qu’elle est dans tout ce que cela peut avoir de négatif voir de sale, et n’hésitera pas une seconde à tout risquer pour cet homme finalement aussi fragile qu’elle, aussi fragile que tout un chacun.

10/10 semblera peut-être une note élevée mais j’ai beau réfléchir, je ne vois rien qui m’ai gêné, déplut, rien qui justifierai que j’ôte des points… alors, à quoi bon ?

J’ai lu dans une critique « film à la limite de la ringardise »… Comme quoi la « tendance » c’est vraiment de la merde.
Pravda
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le 26 sept. 2013

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