Deux soeurs, des portes fermées.
Il n'a pas volé sa réputation. Ce que j'apprécie, moi qui ne suis pas fan de Disney, et qui pour des raisons personnelles aurais toutes les raisons de détester ce film, c'est son élégance et sa simplicité limpide.
Anna et Elsa, deux soeurs, petites. La grande a le pouvoir de faire geler. Elles jouent, mais Anna, imprudente va tomber, et Elsa dévie sa chute avec un jet de glace : panique. Le roi troll, consulté, enlève la glace de la tête d'Anna, et avec tous ses souvenirs liés à la magie. Peu après, les parents meurent. Les filles grandissent, côte à côte mais séparées. Elsa, traumatisée, s'enferme, terrorrisée à l'idée que l'on découvre son pouvoir, qu'il se révèle malgré elle. A sa majorité, bien des étrangers viennent assister à son couronnement comme reine du fjord d'Arandelle. Pendant la fête, Anna, qui ne comprend pas pourquoi sa soeur la fuit, se jète dans les bras d'un inconnu, Hans, qu'elle veut épouser. Elsa le lui refuse, une scène éclate, au cours de laquelle la reine révèle ses pouvoirs. Elle fuit dans la montagne, mais crée un hiver qui gèle le fjord. Anna part chercher sa soeur, tombe sur Kristoff, envoyé par des méchants. Mais une fois arrivée au sommet de la montagne du Nord, sa soeur, paniquée, lance une esquille de glace dans son coeur. Après consultation du roi des trolls, seul un acte pur d'amour peut la sauver : elle retourne à Arandelle trouver Hans. Mais celui-ci était en fait un prétendant intéressé. Alors que ses cheveux blanchissent, et qu'Elsa déchaîne le gel dehors, elle se précipite pour protéger sa soeur de l'épée de Hans et... se change en glace. Puis dégèle, car elle l'a fait par amour. Elsa, réconciliée avec elle-même, arrive à tout dégeler, et tout le monde vit heureux.
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Comme je le disais, ce Disney a un gros atout, rare aujourd'hui dans les productions 3D : le dépouillement, et en même temps une véritable élégance visuelle. Malgré une histoire un peu édulcorée et un dénouement un peu trop guimauve, on garde quelque chose de la noirceur, du tragique de certains contes d'Andersen. C'est beau, notamment au niveau des textures, sans non plus chercher à vous en mettre plein la vue, notamment au niveau des mouvements de caméra (si on peut dire ça pour un film d'animation), qui sont plutôt classiques. J'aime beaucoup le choix des couleurs, les éclairages cristallins. Surtout, l'action passe au second plan et on privilégie les dialogues, le développement des relations entre les personnages, et ce n'est pas trop verbeux, ça touche juste. On est touché par l'histoire de cette jeune fille obligée de s'enfermer dans sa solitude par peur de blesser son entourage avec un pouvoir qui l'effraie, et aussi par cette soeur qui ne comprend pas cette distance. Après les histoires de frères et soeur me touchent beaucoup, en général. Bon, Kristoff, le gars du peuple au coeur d'or a tous les attributs du joueur de football américain, mais bon.
Les numéros musicaux ne sont pas trop longs, et ça c'est bien (vu en V.O.S.T.). J'aime bien celui où Anna danse en attendant la fête, imitant des tableaux de la peinture flamande (Brueghel, Rubens), puis le montage se fait alterner sur sa soeur, qui attend la fête avec impatience... pour en être débarrassée.
L'humour est là, mais pas non plus omniprésent. Bon, le renne est assez nul, mais pour une fois, la bestiole-rigolote-marketing passe bien. Il est plutôt touchant, ce bonhomme de neige avide de connaître l'été, et il rappelle Jerry Lewis, avec toute la relation d'amour-haine que j'ai pour ce type.
Et puis pour une fois, un Disney qui dit aux filles de se méfier des mecs un peu trop clean, des romances un peu trop faciles... Ben c'est pas mal, ça change des naiseries habituelles.
Un Disney appelé à devenir un classique, indéniablement, très pensé, très équilibré, très beau.