S'il me fallait résumer "La rivière de nos amours", je partirais de la scène où Johnny Hawks (Kirk Douglas) refuse poliment l'alléchante proposition de mariage d'une veuve (Diana Douglas, son épouse au civil !) qui a besoin d'un appui masculin pour l'aider à diriger sa ferme. Johnny Hawks qui est un éclaireur au service de la cavalerie dans un fort en Oregon, est avant tout passionné par cette magnifique région inviolée où il a vécu toute sa vie en bonne intelligence avec les tribus Sioux et qu'il ne veut pas quitter. Il refuse que cette région perde son innocence au profit de chercheurs d'or. Il sera l'allié de Nuage Rouge (Eduard Franz) qui souhaite vivre en paix avec les blancs à condition que ceux-ci respectent son territoire.


L'histoire est donc très classique. Ce qui l'est un peu moins, c'est les discours matures et responsables que tiennent les trois pôles du film : le chef indien, le capitaine du fort et Johnny Hawks. Un terrain d'entente entre ces trois personnages est non seulement possible mais désiré. Et lorsque des chefs sont prêts à s'entendre, tout devrait baigner. Les problèmes viendront d'éléments perturbateurs que seront des trafiquants/chercheurs d'or prêts à soudoyer par de l'alcool des indiens pour obtenir des informations. Mais la tonalité générale du film est à l'optimisme et au respect entre les peuples.


La mise en scène de ce film est signée André de Toth qui n'en est pas à son premier western et nous avait déjà offert plusieurs spécimens très réussis comme "la mission du commandant Lex", "les conquérants de Carson City" ou encore "la chevauchée des bannis" dont j'ai déjà eu l'occasion de parler sur SC.
Il y a par exemple, dans la scène de la fête suivant la signature du traité de paix, de magnifiques mouvements de caméra qui tourne en même temps que les danseurs.
Il y a surtout les mouvements panoramiques de le caméra devant les paysages époustouflants de l'Oregon.
N'oublions pas la mise en scène de l'attaque du fort par les indiens qui se déroule suivant une stratégie de plus en plus oppressante, d'abord avec un nuage de poussière puis avec des flèches enflammées pour finir par des chariots de feu. Pas de musique pendant toute cette séquence, ce qui en accroît encore la tension et l'angoisse.
Le ton général est donné dès le générique avec le plan fixe très bucolique sur la vallée, la rivière et le village indien au loin.


Côté casting,
Commençons par Kirk Douglas : il a un jeu très sobre et très sérieux. Peu de cabotinages. C'est comme ça que je préfère Kirk Douglas. Il faut dire qu'ici en plus d'être acteur, il est producteur : on ne plaisante donc plus ...


Poursuivons par Elsa Martinelli dont c'est ici, je crois, le premier rôle. Elle joue ici le rôle de Onahti, fille indienne du chef Nuage Rouge. Son rôle est très beau et plein de dignité. Sa démarche tranquille à travers la camp ou pour aller se baigner est fascinante. Pour les connaisseurs des films de cape et d'épée, Elsa Martinelli joue le rôle - magnifique - de Gisèle d'Angoulème dans "Le Capitan", celle dont Jean Marais tombe follement amoureux ...


Il nous faut finir par évoquer les méchants : Walter Mattau et Lon Chaney Jr dans le rôle des trafiquants /chercheurs d'or. Ils sont plus bêtes et cupides que méchants d'ailleurs.


La musique n'est pas en reste et fait dans la nuance notamment dans les séquences romantiques" au camp indien où un haut-bois (peut-être ...) domine.


En conclusion, il faut reconnaitre pour une fois que le titre français du western est bien plus approprié que le titre original "The Indian Fighter".
J'aime bien ce western optimiste joliment réalisé par De Toth avec un Kirk Douglas excellent et une Elsa Martinelli de rêve

JeanG55
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le 21 août 2021

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