Voici un bon exemple de film de Howard Hawks qui se focalise sur un groupe – ici, de cow-boys – qui est concentré sur une mission – ici, mener un immense troupeau à travers le Texas dans un milieu hostile et dans des conditions matérielles difficiles. Avec des personnages enthousiastes qui sont des caractères trempés. Un pionnier qui s'est approprié des terres et qui au bout de 14 ans d'efforts et de travail, est à la tête d'un important cheptel, un jeune qu'il a élevé comme son fils et un ami de toujours, homme à tout faire, qui est au centre de l'histoire et est le narrateur et témoin privilégié car il sait tout.

Et puis, c'est un bon exemple où on voit Hawks introduire des (énergiques et délicieuses) femmes dans son histoire, qui commencent par foutre le souk dans les démêlés insensés et caractériels des mecs pour, enfin, finir par les résoudre. Et ça, c'est la marque de Hawks.

Mais il n'y a pas que ça. Il y a une mise en scène splendide même si elle est sobre, qui rend bien malgré le noir et blanc. Par exemple, parmi les scènes du début, la scène de séparation entre John Wayne et sa fiancée Colleen Green, dans une splendide robe blanche sur fond du paysage grandiose, le tout servi par une belle musique douce et triste. On aura droit à la même (splendide) scène à la fin du film, cette fois entre John Wayne et Joanne Dru. Pour revenir à ma remarque ci-dessus, Colleen Green est trop tendre et ne parvient pas à emporter le morceau. Par contre, Joanne Dru, elle, ne s'en laisse pas compter et mène John Wayne par là où elle a décidé d'aller … Comme par extraordinaire, elle porte dans cette scène une robe sombre…

Bien entendu, la mise en scène de la conduite du troupeau est impressionnante avec ses grands plans d'ensemble que ce soit lors des traversées de rivières ou à l'arrivée à Abilene. Une mention particulière pour la scène de panique du troupeau, la nuit, qui est très efficace.

John Wayne joue le rôle du pionnier qui décide de s'installer au Texas pour bâtir un cheptel. C'est un personnage dur, impitoyable, antipathique qu'on pourrait presque assimiler à un capitaine Bligh tant les parcours des deux se ressemblent. L'encore "jeune" John Wayne maitrise parfaitement.

Montgomery Clift joue le rôle du jeune garçon recueilli par John Wayne et qui l'élève comme son fils. C'est un de ses premiers rôles au cinéma et c'est drôle de le voir dans un western. C'est réussi. J'aime beaucoup la scène mélodramatique entre lui et Joanne Dru où, presque sans raison, par réflexe, dira-t-elle, elle lui file une baffe mémorable avant de poursuivre la scène par une séquence d'une grande sensualité. Une façon comme une autre d'attendrir la viande …

Ben justement, Joanne Dru est inoubliable dans la scène finale où elle emporte l'adhésion des deux hommes Wayne et Clift après une belle (incontournable) bagarre.

Mais c'est le personnage joué par Walter Brennan dans le rôle de Groot, le narrateur et témoin de l'histoire qui apporte une touche de raison et de comique au film. Un personnage qui annonce le Stumpy à venir.

"La rivière rouge" est un des premiers westerns de Howard Hawks tourné en 1948. Un coup de maître.



JeanG55
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le 3 sept. 2022

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