Sorti en 1970, en plein dans le mouvement hippie de l'époque, La Route de Salina est ce qu'on peut appeler un OVNI dans la carrière de Georges Lautner. Production franco-italienne, avec des acteurs américains, équipe française, tournage aux Canaries pour une histoire sensée se dérouler à la frontière mexicaine, il y a de quoi en perdre son latin !
Robert Walker Jr joue un hippie qui s'arrête dans une maison pour prendre de l'essence. La femme (Rita Hayworth) qui l'occupe croit que c'est son fils disparu depuis quatre ans qui est revenu, puis c'est le tour de sa fille (Mimsy Farmer) de croire que c'est bien son frère, et elles en sont persuadées. Au départ assez surpris, le jeune homme décide de jouer le jeu, au départ pour être nourri et logé à l'oeil, puis il a quelques vues sur celle qui est censée être sa soeur.

Je dirais que le film est assez particulier, assez proche dans son système de More, sorti à la même époque et où Mimsy Farmer avait joué juste avant ce tournage-là, à savoir qu'il prône une forme de liberté, y compris sexuelle avec les corps des jeunes qui tombent assez vite le haut et le bas, et qui est vraiment représentatif de cette période. C'est de ces cas où l'atmosphère, le climat, est plus important que l'histoire en elle-même, qui est narrée au passé par la voix off de Robert Walker Jr, un peu inconsistant, et où souffle un vent de fraicheur. Comment ne pas parler de Mimsy Farmer, qu'on a surtout vue dans des films italiens, et dans cette merveille noire qu'est La traque, dont les cheveux courts blond platine lui vont à merveille, lui donnant un aspect diaphane ? Quant à Rita Hayworth, dont ce sera un de ses derniers rôles alors qu'elle a à peine la cinquantaine, elle donne quelque part l'étrangeté de l'histoire avec cet air hagard, presque paniquée, qu'elle garde constamment.

Mais finalement, j'ai plus été saisi par l'atmosphère du film, que je trouve si étrange, avec en plus la musique composée par Christophe, que par l'histoire en elle-même, qui est celle d'un homme vivant la vie d'un autre, et qui en payera le prix. Mais c'est aussi une telle bizarrerie par rapport à la carrière de Lautner, et un énorme échec commercial, qu'il reprendra le chemin d'un cinéma plus commercial comme Laisse aller, c'est une valse, sorti l'année d'après.

Boubakar
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le 22 avr. 2020

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Boubakar

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