Sur le fond, ce documentaire remporte à mes yeux ses dix étoiles haut la main. Il révèle une fois de plus le travail de sape sémantique que les néo-libéraux appliquent consciencieusement depuis le grand virage de la "rigueur", au milieu des années 80, et même depuis... le commencement de la lutte des classes :
Tout ira mieux si le coût du travail diminue, les patrons embaucheront ! Vous verrez !
La sécurité sociale, c'est quelque chose de beaucoup trop sérieux pour être laissé à la gouvernance des citoyens : Jamais ils ne sauront gérer correctement une institution créée pour eux... Mais bien sûr !
Ce pourquoi a âprement lutté Barrack Obama pendant deux mandat, et qui existe en France depuis qu'un Ministre du travail oublié, un certain Ambroise Croizat, a su profiter de l'opportunité qui se présentait au sortir du second conflit mondial ne saurait être l'outil réel d'une réelle redistribution des richesses, d'une société solidaire, de progrès...
C'est ce trou qui nous plombe ! La France est un pays
communiste !
Un des clous du spectacle, c'est Claude Reichman, déplorant un statut de "pays communiste", où les citoyens sont prisonniers de leur sécu ! Un comble, quand on connait la médecine à deux vitesses telle qu'elle s'exerce outre-Atlantique (Moins fort, les fans de Breaking Bad, moins fort !). Abandonner la sécu collective au profit des mutuelles individuelles... Plus t'es riche et moins t'es malade... et moins tu prends de risques d'en avoir vraiment besoin ! Le beurre et l'argent du beurre pour les mutuelles privées !
Il ne faudra plus jamais tomber gravement malade dans le monde de demain ! Mais qui doute encore que l'asocial (Reichman, et derrière-lui, le Médef, les libéraux, tous ceux pour qui une cotisation représente une charge de plus...) veut faire autre chose que nous tué, avec un "é" ? Parce que comme c'est parti, la novlangue a déjà fait son effet chez nos dirigeants. Petit rhume de Fillon qui sait bien que sa Pénélope est à l'abri dans son Ithaque dorée depuis belle lurette, contre accidents de la vie, vieillesse, dépendance... chez les "sans-dents"...
Ne serait-ce que pour cela, La Sociale est un film salutaire, et je lui pardonne cette forme devenue trop conventionnelle : le montage successif d'interview individuelles, trois quart face caméra, et de "moments volés", ou de plans d'ensemble, pris sur le vif... Sept étoiles, donc, mais encore un coup de cœur, camarades !