La Souris qui rugissait (The Mouse That Roared) est une très bonne comédie satirique britannique réalisée par Jack Arnold, écrite par Roger MacDougall et Stanley Mann, d'après le roman de Léonard Wibberley (un romancier et auteur irlandais de littérature d'enfance et de jeunesse, ayant vécu la plus grande partie de sa vie aux États-Unis... qui est représentatif de la « littérature moyenne » dans la terminologie de Pierre Bourdieu.. qu'il qualifie de moraliste amusé) qui met en scéne Peter Sellers dans un triple role... tout d'abord celui de la Grande Duchesse Gloriana XII du Duché du Grand Fenwick un minuscule état (introuvable) des Alpes dont la seule richesse est un grand vin le Pinot du Grand Fenwick.... Ensuite celui du premier ministre calculateur... le Comte Rupert Mountjoy qui décide (avec un membre du camp opposé... le Sénateur Benter (joué par le très bon Leo McKern) de déclarer la guerre aux États-Unis pour la perdre aussitôt et obtenir une aide économique pour le développement du pays (dans la logique du plan Marshall)... Et enfin... le très modeste et maladroit Tully Bascombe... qui (secondé par Will Buckley (joué par William Hartnell... le futur premier interprète du personnage du Docteur Who) avec une pitoyable armée d'archers moyenâgeux est envoyée en Amérique pour perdre la Guerre... Mais par malchance, le commando de bras cassé, va faire prisonnier de guerre (dans un New York désertique)... le docteur Alfred Kokintz (joué par David Kossoff) le créateur de la Bombe Q encore plus puissante que la H... la jeune et jolie Helen Kokintz (jouée par la sublime Jean Seberg), la fille de ce dernier... le Général Snippet (joué par MacDonald Parke) et quatre agents de polices... un retour "victorieux" qui provoque la panique du Premier ministre qui voit son plan anéanti par l'incroyable et improbable réussite de la mission...
De tous ses films, Jack Arnold (Le Météore de la nuit, Tarantula !, L'Étrange Créature du lac noir et le formidable L’Homme qui rétrécit) faisait de La Souris qui rugissait son favori.... car pour lui, cette comédie (sa meilleure) était plus qu’un divertissement populaire... Il voulait faire réfléchir le spectateur sur les enjeux géopolitiques de la guerre froide et les dangers de la bombe atomique.
Le film sort sur les écrans en 1959, soit quatorze ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Depuis, l’Europe s’est reconstruite grâce au Plan Marshall, la République populaire de Chine a été proclamée en 1949, la crise du Canal du Suez a démontré l’autorité de l’URSS et des États-Unis, la course à l’armement obsède les grandes nations de chaque bloc et l’acquisition de la bombe H devient prioritaire pour espérer peser dans le grand Monopoly diplomatique... Et c’est bien là le sujet de La Souris qui rugissait car derrière ses allures de cartoon, son ton farceur et les clowneries de Peter Sellers, se dessine avec intelligence la satire de l’irresponsabilité des dirigeants politiques, présentés comme de grands enfants...
Le film est produit au Royaume-Uni et bénéficie d’un casting d’acteurs britanniques, talentueux et moins chers qu’à Hollywood... Encore relativement méconnu, Peter Sellers monopolise l’attention des spectateurs grâce aux trois rôles qu’il interprète de manière jubilatoire... et la Columbia n’impose à Jack Arnold qu’une tête d’affiche, la sublime Jean Seberg, qui vient d’achever deux tournages éprouvants avec Otto Preminger... et avant qu'elle devienne la petite chérie de la Nouvelle Vague avec A Bout de Souffle...

Enfin bref, quand le pus petit pays au monde déclare la guerre aux USA... cela donne une très bonne satire sur la guerre froide... en attendant le chef d'oeuvre de Stanley Kubrick... Dr Folamour.

Eric31
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le 22 juil. 2017

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