Ce film, réalisé par Stuart Heisler et sorti en 1952, tombe à point nommé pour Bette Davis puisqu'elle sort de sa consécration de "Eve" mais approche le tunnel de la cinquantaine et dans une industrie où les stars vieillissantes sont très vite remplacées par de plus jeunes, il y a de quoi s'inquiéter pour l'avenir de sa carrière.
C'est donc dans ce contexte (Bette Davis avait laissé entendre que le personnage était un portrait à peine voilé de Joan Crawford, sûrement un pic de plus) que nous suivons Margaret Elliot une star déchue et ruinée, prête à tout pour reprendre sa carrière en main. Sorti deux ans après "Boulevard du Crépuscule", les similitudes sont bien là mais malheureusement avec beaucoup moins de panache.
J'ai en effet trouvé la première partie du film assez molle, on suit les déboires de la star sans grand intérêt puis les scènes avec son ancien amant ne sont pas bien passionnantes non plus. C'est lorsqu'elle décroche une audition pour la sœur d'un rôle qu'elle convoitait depuis des années (finalement prit par une star plus jeune) que le film se réveille enfin. On voit en effet ici toutes les ficèles de l'industrie, alors en plus gentillet certes, mais c'est tout de même assez parlant. Et puis c'est aussi à ce moment-là que la psychologie du personnage évolue.
Voulant absolument interpréter le rôle qu'elle convoitait, elle délivre une prestation sensuelle qui la ridiculise complètement. Et c'est vraiment à partir de ce moment-là que l'on se prend d'affection pour le personnage, qu'on la prend enfin en pitié puisqu'elle était, jusque-là, assez agaçante car imbue d'elle-même mais surtout de son image.
Le personnage a également un autre point très intéressant, celui de son rapport à la célébrité et sa manière d'appréhender le monde une fois sortie de cette zone de confort complètement en dehors des réalités. Ainsi, pour survivre psychologiquement, elle vit différentes périodes difficiles de sa vie comme un rôle qu'elle interpréterait à l'écran, ce qui lui permet de faire face à l'adversité de manière détournée, en portant littéralement un masque.
Le rapport avec la fille est également très intéressant mais malheureusement très expédié en milieu de film.
Quant à Bette Davis, inutile de dire qu'elle excelle dans ce personnage, comme à son habitude.
"La Star" est donc un film en demi-teinte, au sujet très intéressant mais qui possède beaucoup trop de longueurs.