Ce curieux titre, c'est juste le nom d'une terre agricole dans une campagne isolée de tout …

C'est, aussi, le premier long-métrage de Verneuil (découvert sur SC à travers la critique de Gérard Rocher).

Mais avant d'être ce long-métrage, "la Table-aux-crevés" est d'abord un roman de Marcel Aymé qui se déroule dans sa région, le Jura …et que Verneuil va transposer en Provence, faisant dire à Marcel Aymé, mi-figue mi-raisin : "vous allez transformer mon roman en une galéjade …"

Je ne connais pas (encore) le roman mais, de ce que j'en ai lu sur internet, il me faut bien croire que toutes les provinces se ressemblent puisque l'histoire fidèlement transposée dans le midi, dans la calanque de Callelongue à côté de Marseille, est tout-à-fait crédible …

L'intrigue repose sur une double rivalité entre les républicains, conduits par le maire, et les calotins, conduits par le curé, d'une part, et entre deux hommes Urbain Coindet et Frédéric Gari, d'autre part.

C'est qu'une rumeur, savamment entretenue, laisserait entendre qu'Urbain aurait assassiné sa femme, retrouvée pendue et que de plus, il aurait dénoncé le trafic de tabac de Frédéric. Tout ceci ne serait pas si grave si, en plus, Urbain n'était pas amoureux de Jeanne, la sœur de Frédéric. Alors là, qu'on soit dans le Jura, en Auvergne, en Normandie ou en Provence, c'est forcément le machin qui va coincer, la goutte d'eau qui va faire déborder le vase … Et "la tchatche" va bon train, surtout quand elle s'échauffe au fur et à mesure des tournées de 51.

Mais là où le film prend tout son intérêt c'est dans la distribution où on trouve un Fernandel dans le rôle d'Urbain qui joue naturellement sans ses mimiques habituelles ou ses envolées lyriques. Face à lui, on retrouve la bande habituelle des films de cette époque qui se déroulent dans le midi avec Fernand Sardou (le père de Michel), Andrex, Henri Vilbert … et surtout l'inénarrable Edouard Delmont, qu'il aurait fallu inventer, s'il n'avait pas existé. Ce dernier est dans le rôle du garde-champêtre, poste éminemment sensible dans toutes les campagnes.

Côté féminin, le personnage de Jeanne est interprété par la très marseillaise Maria Mauban, toute en retenue mais aussi très capable d'élever la voix face à ces crétins d'hommes prêts, en parole, à se battre à mort.

Pour finir, ce premier film de Verneuil est bien agréable à regarder et augure bien de la longue carrière à venir de ce réalisateur, avec ou sans Fernandel.


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