Pour leur dernière danse à l’écran, John Ford et John Wayne s’offrent un pas de côté, à savoir une vraie comédie qui contraste après leurs dernières sombres collaborations. Paradoxalement, cette Taverne de l’Irlandais est à la fois un film comme aucun autre et une œuvre typiquement fordienne avec son humanisme, ses amitiés viriles, ses amours évidentes, ses personnages originaux, ses enfants espiègles, ses thèmes religieux, son goût des espaces.


Mais, contrairement à beaucoup d’œuvres de Ford, le pitch n’a ici aucun intérêt. Au menu : de beaux paysages, quelques bagarres, une histoire d'amour, une dose d'humour et une bonne humeur générale. La Taverne de l'Irlandais est un film qui donne le sourire tant il est léger comme une bulle. Ce n'est pas L'Homme tranquille mais une probable variante dans les îles. Cela peut paraître anecdotique, mais c'est justement cet aspect anecdotique qui donne tout son charme à ce film qui ne raconte rien ou pas grand chose mais qui brosse avec humanité une galerie de portraits hauts en couleur. Dans cette île fictive, Ford réinvente un monde, éloigné de celui qu'il a souvent peint, où l’humanité paraît apaisée et les difficultés faciles à surmonter. C’est un lieu qui change ses habitants, à l’image du personnage féminin principal qui ne restera pas longtemps cette vieille fille collée montée.


Lumineux, léger, infiniment tendre, ce film, qui hésite entre la farce et le conte, délivre un message rafraîchissant. S’il n’a pas grande presse tant on lui reproche sa paresse au regard des œuvres majeures du duo, il est pourtant une formidable conclusion à une riche collaboration. Ces deux hommes, plus tourmentés qu’on n’a pu souvent le croire, offrent un film généreux, optimiste, aux paysages et aux couleurs sublimes, agrémenté de quelques scènes de bourre-pifs délirantes. Un film qui ressemble à une vie quelque peu idéalisée où la vie des adultes semble prolonger celle des enfants. Un film à part qui définit parfaitement le feel-good-movie avant même qu’on n’en invente le concept.

Play-It-Again-Seb
8

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films avec John Wayne, Une vie en 100 films et Classement des films que j'ai vus (ou revus) en 2021

Créée

le 12 janv. 2021

Critique lue 156 fois

12 j'aime

5 commentaires

PIAS

Écrit par

Critique lue 156 fois

12
5

D'autres avis sur La Taverne de l'Irlandais

La Taverne de l'Irlandais
Torpenn
8

Lamour vient en dansant

Film particulièrement improbable et sympathique, La Taverne de L'Irlandais nous propose de suivre la vie d'une petite île polynésienne imaginaire pendant quelques semaines, avec John Wayne en...

le 8 mai 2011

27 j'aime

19

La Taverne de l'Irlandais
Pruneau
8

Polyniaiseries

Un film totalement ovniesque, même si on retrouve tout ce qui fait les bons Ford (paysages grandioses, humour, camaraderie franche et virile, chants...). Il faut dire que l'histoire se passe en...

le 25 avr. 2011

25 j'aime

9

La Taverne de l'Irlandais
guyness
8

Quand Ford donne aux vannes ce riff polynésien

(Bon, OK, un peu tiré par les chevaux, le titre) J'ai débarqué sur l'île de Haleakaloha avec les meilleures valises: les amis Pruneau et Torpenn (dans l'acceptation SensCritiquienne du terme) avaient...

le 16 juin 2011

16 j'aime

3

Du même critique

Astérix et le Griffon - Astérix, tome 39
Play-It-Again-Seb
7

Le retour de la griffe Goscinny-Uderzo

Depuis la reprise de la série par Ferry et Conrad, nos amis gaulois avaient une sacrée gueule de bois. La disparition de René Goscinny avait déjà très sérieusement entamé la qualité des albums même...

Par

le 22 oct. 2021

24 j'aime

23

L'Emmerdeur
Play-It-Again-Seb
9

Pignon, ce roi des emmerdeurs

Premier film mettant en scène François Pignon, L’Emmerdeur est déjà un aboutissement. Parfaitement construit, le scénario est concis, dynamique et toujours capable de créer de nouvelles péripéties...

Par

le 12 août 2022

22 j'aime

10

L'Iris blanc - Astérix, tome 40
Play-It-Again-Seb
4

La philosophie sur le comptoir

Aïe, aïe, aïe... L'arrivée de Fabrice Caro en lieu et place de Jean-Yves Ferri qui venait, à mon sens, de signer son meilleur Astérix dans le texte, était pourtant annoncée comme une bonne nouvelle...

Par

le 14 nov. 2023

21 j'aime

22