J'étais à l'école maternelle quand la catastrophe de Tchernobyl a eu lieu, difficile pour moi d'avoir des souvenirs concrets de l'évènement, à part des discutions politiques houleuses à tables pendant les repas de famille du dimanche, une moquerie générale de ces nuages qui s'arrêtent à la frontière allemande et par dessus tout ça une réelle inquiétude sur les retombées à long termes. A l'école aussi, interdit de jouer dans l'herbe et sous les arbres, on ne cueille pas de fleurs, on sort pas trop.. consignes plus ou moins appliquées. Au final, avons nous été affectés par ces radiations? probablement, ouais, c'est possible.
Au moins on a pas des gosses avec 2 têtes et 3 jambes montées à l'envers qui promènent leurs chiens verts qui pissent de l'acide et pètent des bulles d'uranium, comme ceux de Tchernobyl.
Clichés, clichés.
La réalité fictionnelle montrée dans La Terre Outragée est très loin du fantasme générale, tout en silence et pudeur. La plus grande qualité du film est certainement d'avoir choisi de montrer la catastrophe par les yeux de la population avoisinante de la centrale, incrédule et laissée dans l'ignorance la plus totale, qui ne sait pas ce qui se passe, et ceux qui savent sont priés de la fermer et d'être des héros pour la patrie.. Les portraits des personnages sont réussis, on a envie de plonger avec eux et de les suivre dans les abîmes de ces mensonges et inquiétudes, le mariage avorté, le garde forestier qu'on empêche de pénétrer dans la forêt rougeoyante, la famille du type qui "sait" et fait évacuer sa femme et son fils, les ruraux perdus dans leurs champs qui ne savent rien mais qui voient les hélicoptères atterrir et pensent que c'est la guerre avec les américains. C'est très beau, digne, très bien filmé et prometteur pour la suite. Malheureusement la 2nde partie, 10 ans plus tard, s'embourbe dans les ambitions probablement trop hautes de sa narration. Si on suit largement la vie d'Anya, malade, perturbée, a moitié amnésique, et perdu dans un spleen unique, les coupures avec les passages des autres protagonistes sonnent creux et ne sont qu'un prétexte à se balader dans le no man's land de la centrale, sorte de carte postale apocalyptique silencieuse.
Un film plein de défauts et problèmes de rythme en tout genre, mais dont ses qualités de témoignages historiques sont trop rares dans le cinéma et doivent être saluées impérativement.
En plus, Olga Kurylenko est superbe et touchante.
Woopo
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le 6 avr. 2012

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