La traque a malheureusement plus de défauts que de qualités. Le choix d'un film sur Klaus Barbie est pour moi une excellente initiative, Barbie a eu une vie qu'aucun scénariste n'oserait écrire. Loin de moi l'idée ou l'envie de faire l'apologie de sa vie, Barbie restera bel et bien un salaud de l'Histoire du monde à mes yeux.
Je tente de faire un topo rapide de cette vie un rien impressionnante en éclairant les détails qu'omettent malheureusement ce films de deux heures dont c'est le premier gros défaut, celui de ne quasi rien dire et ce dans un très mauvais rythme. Passez le (gros) chapitre suivant si vous connaissez la vie de Klaus Barbie, le "boucher de Lyon".

La vie de Barbie, la poupée Klaus :
Barbie n'a jamais été un ange dans ses actes. A 20 ans il s'engage dans les jeunesses hitlériennes. En 40, il a 27 ans et participe à l'invasion des Pays-Bas gagnant croix de fer pour son "excellent travail". Parlant français on le place à un haut poste de la Gestapo de Lyon. En effectuant de lui-même nombreuses tortures, inventant de nouvelles "méthodes" du genre. C'est sous ses mains que mourra Jean Moulin, après d'atroces souffrances. Ce dernier ne dira jamais rien, Barbie ne savait pas qu'il avait affaire au numéro un en France. Barbie considérera que de Gaule et la France lui doivent beaucoup - c'est ce film qui me l'apprend - voyant de Gaule comme un personnage de peu d'intelligence face à Jean Moulin et sans le charisme de ce dernier, de Gaule aurait été oublié de l'Histoire sans cette mort. C'est peut-être pas si faux, de là à considérer la mort de Moulin comme une bonne chose... Vous voyez le genre du personnage, il ajoute que la France de Moulin aurait basculée dans le communisme.
Sa haine du communisme, commune à chaque SS est justement ce qui le sauve après guerre. Protégé par les USA qui passent à la case guerre froide. En associant cette haine avec ses connaissances en torture, il peut être utile aux dictatures installées en secret par la CIA. Condamnée à mort par contumace, donc sans sa présence, en France, impossible d'avoir son extradition. C'est ici que les chasseurs de nazis débarquent, les célèbres époux Klarsfeld. L'une est Allemande, née en 39, elle se lie avec un juif français dont le père est mort dans les camps. Une belle image comme seul un Disney pourrait proposer. Beate, avec sa connaissance de l'allemand est celle qui prend le plus de risques en voyageant dans ses dictatures refuges de nazis.
L'extradition de Barbie mettra 12 ans aux époux, Barbie tombe des nues en voyant un drapeau et des uniformes français à sa descente de l'avion. Le film s'arrête ici.
Le procès entièrement filmé à l'époque, dispo en 6 dvd, ferra la une de l'ensemble des journaux du globe. Prouvant ainsi qu'il n'y a pas de prescription quand aux crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Les 22 premières minutes de ce procès sont visibles sur le site de l'INA, on y voit un Klaus Barbie tout sourire, un papy à qui on donnerait le bon Dieu sans confessions. Ces premières minutes sont toutefois peu intéressantes car trop formelles, il faut établir quel avocat défend quelles victimes ou familles des défunts. Barbie aura non seulement torturé mais également signé des extraditions menant à la mort de centaines de personnes vers Drancy, sachant pertinemment qu'elles finiraient à Auschwitz, dont les enfants d'Isieux.

Pour en revenir au film, le sujet est riche mais c'est ce qui le rend complexe à traiter. Klaus Barbie n'est pas un personnage résumable facilement, le film ne s'en sort pas des masses. Il respecte l'Histoire mais ne va jamais en profondeur. Tout a l'air froid, deshumanisé tant dans le coin Klarsfeld que dans le coin Barbie. Je pense qu'il aurait mieux valu, quitte à élaguer comme c'est déjà le cas, en profiter pour mieux faire ressentir les vies des deux parties. Le film ressemble à un fourre tout de genres et se perd, perdant ainsi son spectateur qui risque d'oublier vite fait ce téléfilm...
Pourtant Yvan Attal et Franka Potente étaient plutôt convaincants. Dommage.
cinewater
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le 4 nov. 2012

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