La Vallée close
7.9
La Vallée close

Documentaire de Jean-Claude Rousseau (2000)

Comme ça peut être le cas d’un Mekas ou d’un Cavalier, la Vallée close c’est avant tout un geste, celui de filmer, filmer pour vivre, filmer pour ne pas oublier.
Jean-Claude Rousseau est ce filmeur, ou plutôt ce capteur de sons et d’images. Deux éléments souvent désynchronisés, qui se croisent, se recoupent afin de recréer une vision poétique, un regard neuf.
Il crée un système clos et circulaire dans lequel il se place au centre et s’enferme pour mieux s’en imprégner. Ce système, c’est un lieu, Fontaine-de-Vaucluse, un petit village du Vaucluse et sa rivière la Sorgue. Ce système c’est une construction sur le mode d’un cours de géographie en une dizaine de leçons.
Rousseau pose son dispositif à différents endroits : une grotte, une rivière, un croisement de rue, une fenêtre, une fête foraine,… « Type de la vision que l’on appelle observation, tout est à admirer ». Rousseau cherche. Il laisse vivre le plan pour capter quelque chose qu’il ne semble pas trouver, perdu, peut être à jamais. Les leçons de géographie, ces leçons probablement apprises étant enfant, il semble se les réciter à lui-même. Pour mieux se repérer géographiquement dans sa propre mémoire. Il cherche une présence, qui semble lui échapper, impalpable et qui s’éloigne. Proche d’un gouffre, Rousseau à peur, il filme le vide, le trou noir, et la rivière comme un temps qui fuit de plus en plus vite. Il se souvient, des jours d’école, du soleil qui se lève puis se couche, des salles de classes et son mobilier. Erre entre le jour et la nuit. L’outil cinématographique comme lien au réel, un lien qu’il veut peut être créer face à un lieu qui le touche profondément, ou un lien qu’il veut maintenir face à un lieu qu’il ne veut pas oublier. Ca pourrait aussi bien être le parcours d’un homme à la recherche d’un regard d’enfant sur un « paysage ».

« Ce pourrait être l’histoire de Paul, Guy et Laura
Ce pourrait être l’histoire de Paul et Laura
Laura »

Enfin ça pourrait être l’histoire bouleversante d’un homme à la recherche d’un amour perdu, peut être un amour d’enfant. Un amour qui semble hanter chaque plan mais que le cadre ne fera jamais surgir. Magnifique.

« Le mouvement des atomes est éternel. Lancés à travers le vide, soit par leur propre poids, soit par le choc des autres atomes, ils errent jusqu'à ce que le hasard les rapproche. Il y en a qui arrivent à se cramponner fortement les uns aux autres; ils forment les corps les plus durs. D'autres, plus mobiles, laissant entre eux de plus grands intervalles, constituent les corps les moins denses, l'air et la lumière. Enfin il en est qui n'ont pu se faire admettre dans aucun assemblage: ceux-là s'agitent inutilement dans l'espace comme ces grains de poussière qu'éclaire sur sa route un rayon de soleil pénétrant dans une chambre obscure... »
Teklow13
9
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le 26 nov. 2012

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