Quel bonheur, mais quel bonheur ! Quel bonheur de mourir d'envie de voir un film, d'avoir peur d'en être déçu et puis finalement de l'adorer au plus haut point.
Dès la première scène, il était évident que le reste serait génial.
Le jeu d'Emmanuelle Seigner fait un peu peur, au début, pourtant. Il ne sonne pas toujours juste. Mais alors quand le film se lance, sa performance devient immédiatement brillante et virtuose, avec à ses côtés un Mathieu Amalric égal à lui-même, c'est-à-dire fabuleux.
Cette mise en abyme est tout simplement superbe: d'une élégance infinie, oscillant avec un équilibre parfait entre fiction et réalité (le bruit de la tasse de café alors que les acteurs ne font que mimer, le bruit du stylo qui écrit sur le papier imaginaire...); les deux personnages sont absolument passionnants, le décor à l'ambiance tamisée et chaleureuse est délicieusement envoûtant. La musique, simplement géniale (signée Desplat, bien sûr!) saupoudre parfaitement le film, jouant justement avec cette alternance réalité-fiction, et révèle par-ci par-là un peu de mystère. Au fur et à mesure que le personnage de Wanda se révèle, que cette soi-disant écervelée dégote devant les yeux écarquillés de Thomas cette veste d'époque et ces accessoires hétéroclites, on ne peut s'empêcher de jubiler, de sourire de plaisir devant cette mise en scène flamboyante. Plein de mystère, ce film ne bascule jamais dans une bouillie intello qui nous perdrait en chemin, jamais "prise de tête"; il offre avec une finesse absolue une réflexion sur le rapport hommes-femmes, metteur en scène-actrice...
Mais au final, comment cerner le jeu d'actrice de Wanda ? Sans qu'on s'y attende, Polanski s'amuse à transformer diaboliquement ce personnage et nous assomme (dans le bon sens du terme) de bonheur avec une fin à en couper le souffle, où Emmanuelle Seigner est bluffante dans cette soudaine inversion des rôles surréelle et délirante.
Lorsque la caméra, de ce même mouvement flottant qu'au début, sort de ce petit théâtre et en referme ses portes, le tout accompagné de cette même musique réjouissante, on est tout simplement heureux d'avoir assisté à une telle merveille.
HugoLRD
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Films de 2013 vus au cinéma, César 2014: mes pronostics !, Ma collection de DVD, 2013 au cinéma: mon top 10 et 2013: top 10 cinéma français

Créée

le 13 nov. 2013

Critique lue 429 fois

11 j'aime

HugoLRD

Écrit par

Critique lue 429 fois

11

D'autres avis sur La Vénus à la fourrure

La Vénus à la fourrure
Rawi
8

Quand "Je" est un "Jeu"...

Polanski est un réalisateur aux multiples facettes. Ici, dès les premières minutes, avec cette avancée dans la pluvieuse avenue parisienne jusqu'à l'entrée du théâtre on est dans le mystère...

Par

le 4 déc. 2013

52 j'aime

6

La Vénus à la fourrure
Grard-Rocher
9

Critique de La Vénus à la fourrure par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Thomas est un metteur en scène peu chanceux car toute la journée il n'a cessé de faire passer des auditions afin de trouver une comédienne pour sa nouvelle pièce : une adaptation très personnelle de...

51 j'aime

35

La Vénus à la fourrure
Kenshin
9

Genre!

Il fallait bien clôturer cette année filmique, faire comme si tout n'était pas un éternel recommencement, ou plutôt une suite sans fin. Marquer un début, marquer une fin. Voilà donc le dernier film...

le 31 déc. 2013

46 j'aime

19

Du même critique

Alabama Monroe
HugoLRD
9

Van Groeningen, le bluegrass, de l'amour et des étincelles.

Un vrai coup de coeur. La bande annonce, pourtant, ne paye pas de mine. On s'attend à un petit film sympa mais sans grande originalité. Et pourtant, c'est tout le contraire. Le film, tout en...

le 28 août 2013

97 j'aime

13

Eastern Boys
HugoLRD
9

CLAQUE

Pour la énième fois, ne pas se fier à une bande-annonce. Car pour Eastern Boys, ce trailer annonçait un petit film intéressant, mais aussi très bizarroïde et plutôt inégal. Mais Eastern Boys est...

le 13 avr. 2014

49 j'aime

17

Lucy
HugoLRD
3

Funny Luc Terrence Lars Besson

Avec @Krokodebil, membre éminent de SensCritique que vous admirez tous et dont vous vénérez les critiques enchanteresses, on a parlé de pas mal de choses sur ce site et ailleurs: de notre passion...

le 9 août 2014

41 j'aime

9