La Vie Aquatique est le quatrième film de Wes Anderson sorti en 2004, inspiré de la vie de l'océanographe français Jacques-Yves Cousteau, avec Bill Murray, Owen Wilson, Cate Blanchett, Jeff Goldblum et Willem Dafoe dans les rôles principaux.
Le film raconte les aventures de Steve Zissou, un océanographe excentrique qui veut se venger du requin-jaguar qui a eu raison de son partenaire, Esteban du Plantier. Sauf qu'il ferra la rencontre d'une journaliste du nom de Jane qui veut écrire un article sur Zissou et son fils illégitime, Ned, qui embarqueront à bord du Belafonte.
Steve Zissou nous ait présenté comme un homme détestable au possible : il est égoiste, arrogant, égocentrique, paranoïaque, quasi toujours sur la défensive, quant il ne se montre pas sarcastique.
Pourtant, Wes Anderson décidera de sans cesse jouer avec son audience et la vision qu'il a de Zissou !
En effet, malgré qu'il n'ait presque pas de qualité qui lui permettrait de se repentir envers tout ce qu'il a fait à son entourage en particulier sa femme, Eleanor.
Nous avons l'impression que sa paranoia est dû au fait que Steve à l'impression que tout le monde veut quelque chose de lui en se fichant de son bien être, alors qu'il vient de perdre son meilleur ami, Esteban du Plantier.
Son public lui-même, a montré du désintérêt face la perte de Zissou ... et ce n'est pas finit, après cet échec, on lui demande de faire des photos avec Alistair Hennesey (joué par Jeff Goldblum), un autre océanographe.
La réaction de Zissou suffira à montrer qu'Alistair n'en a rien à faire de lui, la discussion est aussi superficielle que la séance photo ...
L'utilisation de symbolismes nous permet de se rendre compte du manque d'Esteban dans la vie de Zissou. En effet, là où les expressions désuètes étaient le symbolisme de Rushmore, et les cigarettes ainsi que les animaux celui de la Famille Tenenbaum. La Vie Aquatique a comme symbolisme l'électricité !
Tout au long du métrage nous verrons un rapport particulier avec l'électricité via le générateur du Belafonte tombant en rade, etc.
Nous pouvons voir la première utilisation de l'électricité comme symbolisme après la séance de projection, où Zissou voit sur une télé posé sur un piédestal, une des émissions auquel il a participé avec Esteban ... Zissou tentera de toucher le visage de son ami défunt, mais il se prendra un coup de jus ...
Steve Zissou a perdu son étincelle ... malgré cela, son équipage et son entourage continueront a le ramener à sa grande époque l'isolant totalement de ceux-ci. Laissant le capitaine du Belafonte, avec ses contradictions et ses griefs ... du coup, pour résoudre ses problèmes, il va se réconcilier avec Eleanor, Alistair, Ned, Jane et son équipage.
Du moins, dès qu'il saura où se trouve le requin-jaguar, il s'isolera de nouveau ... provoquant une nouvelle panne de courant qu'il résoudra cette fois-ci, en prenant la décision de rester avec son équipage !
Il est redevenu le leader charismatique dont tout le monde nous parle !
Le seul autre moment dans le film, où Zissou montrait qu'il n'était pas qu'un raté, se trouve au moment où son équipage se fait capturer par des pirates.
A ce moment là, Steve a un flashback de la mort d'Esteban avec le son d'une étincelle, qui le ramène pour la première fois du film, à son " ancien " lui (symbolisé visuellement par le passage de tons froids, à des tons chauds) !
En revoyant le film avec toutes les informations concernant Steve Zissou. Nous pouvons nous rendre compte d'à quel point qu'en tant que personne, il est le protagoniste le plus détestable des films d'Anderson ! Et voici quelque uns de ses actes :
Il accuse Ned de l'attaque des pirates, alors qu'il a embarqué avec des stagiaires non payés et son équipage dans des mers non protégés afin d'économiser.
Il change le nom d'un homme de 30 ans sans le dire à personne et sans lui expliquer précisément son rôle et l'importance de ce rôle.
Il se montre incroyablement désagréable envers son épouse qui lui annonce avec empathie la mort de son chat.
Il ignore totalement Alistair. Je vous avais dit, qu'Alistair se fichait de Steve, par la réaction de Steve et le parallèle entre la superficialité de la séance photo par rapport à la conversation. Mais j'ai fait exprès de ne pas vous annoncer l'essentiel ; Alistair ne connaissait pas le film de Steve ainsi que la mort de son meilleur ami, car il présentait son propre film, en même temps que Zissou !
Alistair fait tout pour s'intéresser à Zissou (de par le cadrage de Jeff Goldblum, bien éclairé, de profil pour montrer qu'il se laisse vulnérable tandis que Steve est en 3/4 face, mal éclairé pour montrer qu'il a une part d'ombre qu'il cache), sauf que Zissou n'en a que faire ... on apprendra même plus tard qu'ils ont été collègues ainsi qu'apprenti du même maitre, Lord Mandrake !
De plus, Hennesey affirme que Zissou était le plus talentueux et apprécié. Alistair a beau être plus riche et tente de nombreuses fois de draguer Eleanor, il ne cesse de l'aider durant l'intégralité du métrage, étant même abasourdi quand Steve lui rend la pareille !
Sauf que pour l'océanographe au bonnet rouge, il a l'air d'être toujours trompé ... la première fois, on est du côté de Steve, car c'est le protagoniste ! Le récit est raconté de son point de vue ce qui permet à Wes Anderson de manipuler son public afin d'être du côté de Zissou !
Tout cela grâce à son charisme XXL, sa sincérité, ses compétences d'océanographe, son humour et le fait qu'il est joué par Bill Murray !
Monsieur Pointilleux : c'est bien beau tout cela, mais pourquoi Mr. Anderson a choisit de s'influencer de Jacques-Yves Cousteau pour raconter cette histoire ? Cela aurait pu marcher sans le besoin de tout cet artifice !
Albator Larson : Eh bien, Mr. Pointilleux, vous avez votre réponse dans votre discours !
Wes Anderson a décidé de s'influencer de l'histoire de Jacques-Yves Cousteau pour parler de la superficialité et autres artifices face à la réalité !
Le personnage de Cate Blanchett, Jane sert principalement à questionner le rapport que l'on a à nos idoles qui sont comme leurs noms l'indiquent des versions idéalisées par nos soins.
La Vie Aquatique montre que la personne que Jane a idéalisé ne ressemble pas (du moins pas totalement) à la version qu'elle a idéalisé ... même si plus tard dans le film, le film se montre d'une grande tendresse en nous faisant comprendre que bien qu'idéaliser quelqu'un mène à la déception. Nous pouvons tout de même rencontrer ses idoles afin d'enfin les voir comme des personnes avec leurs forces et faiblesses !
Wes Anderson utilise de ce fait Le Monde du Silence, un film de 1956 de Jacques-Yves Cousteau ayant eu la Palme d'Or, pour mieux le détourner, le parodiant parfois, rendant la réalité des aventures de l'équipe Cousteau plus douce, etc.
Dans le but de questionner son rapport à l'idéalisation, pointé du doigt par les reprises des morceaux de David Bowie par Seu Jorge (qui ont été joués durant le tournage avec l'ingénieur du son de Jacques-Yves Cousteau) qui se confronte à l'utilisation du morceau Search and Destroy d'Iggy and The Stooges ou encore Sigur Ros.
Pour mieux ramener au réel durant les moments où il n'y a justement pas de musiques ou des morceaux par leurs compositeurs originels en traitant des thèmes comme : le deuil, la futilité de la vengeance, l'angoisse de vieillir et le fait de se demander si nous allons laisser une trace de ce que nous entreprenons.
Comme sur la Famille Tenenbaum, on est dans un style inspiré du cinéaste japonais Yasujiro Ozu (on retrouve également une obsession pour la famille, la nostalgie, le fait que leurs films commencent comme il terminent et un cercle d'acteurs récurrents), avec le remplacement du champ contre champ par un enchainement de plans serrés donnant l'impression d'affrontements, parfaitement approprié pour ces films parlant d'affrontements familiaux.
De plus, les plans sont symétriques avec des acteurs centrés dans le cadre à l'exception de quelques scènes qui sont soit des moments cruciaux de l'intrigue ou des moments où l'on sort de l'aspect très carré du quotidien des personnages.
La réalisation de Wes Anderson utilise également les codes d'autres genres dans son film, fortement inspiré par le film Rosemary's Baby de Roman Polanski en passant de son découpage habituel à du Lubitsch au niveau de sa manière de filmer les scènes d'actions (d'ailleurs Ozu était fortement influencé par Lubitsch au début de sa carrière, du coup, la boucle est bouclé).
La direction d'acteur ressemble quant à elle, à celle d'Aki Kaurismaki, avec un jeu livide et détachée où les acteurs délivrent souvent des dialogues à forte dose d'humour noir et autres sarcasmes où les adultes agissent comme des enfants et les enfants comme des adultes.
Bill Murray signe un nouveau grand rôle, voire peut-être son meilleur en tant que Steve Zissou fusionnant son humour si particulier avec un côté plus dramatique par la relation avec Owen Wilson et Cate Blanchett nous donnant des situations de grâce avec des pointes de mélancolie digne de L'été de Kikujiro !
On peut retrouver également Willem Dafoe, qui joue à contre-courant de ces rôles d'antagonistes ou de figure paternel, pour jouer un marin voué à la cause de son capitaine, auquel il témoigne une grande tendresse et un côté psychorigide envers ces ordres, tout en étant extrêmement jaloux de Ned.
Jeff Goldblum est aussi de la partie avec un rôle taillé sur-mesure pour lui ; un dragueur enjôleur qui a la classe et beaucoup de charme.
La B.O est composée par Mark Mothersbaugh (Devo) ainsi que Seu Jorge qui alterne entre des productions minimalistes au synthé pour Mothersbaugh et des reprises de David Bowie pour Seu Jorge (à l'exception du morceau Team Zissou), que le chanteur anglais à écouté et a déclaré : " Si Seu Jorge n'avait pas enregistré mes chansons en acoustique et en portugais, je n'aurais jamais entendu ce nouveau niveau de beauté dont il les a imprégnées "
J'ai déjà parlé de leur importance dans le métrage, du coup passons à ...
Pour conclure, La Vie Aquatique marque déjà des sommets dans l'œuvre encore jeune du réalisateur américain, se posant de ce fait, parmi les réalisateurs les plus intéressants en activité !
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le 25 avr. 2020
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