Portrait de la jeune fille en bleu...et d'Adèle

J'avoue avoir eu pas mal de réticences à voir ce film à sa sortie. Trop de hype, trop débats idéologiques autour de ce film....
En 20020, c'est chose faite!!!
Ce n'est que mon avis, et mon premier Kechiche, le film est tout bonnement excellent, la mise en scène est propre. Le jeu des acteurs est juste, les personnages sont très bien développés, et le contexte social dans lequel vivent d'Adèle et Emma est parfaitement limpide. Et, pour moi ce dernier point est très important. J'y reviendrai.
Ce film est tout simplement génial!

Au delà de la fameuse histoire d'amour qui semble obnubiler les critiques...à tord, le film est pour moi beaucoup plus profond et possède des niveaux bien plus intéressants. Oui, j'enfonce des portes ouvertes!

Dans les premières scènes du film, nous pouvons suivre Adèle étudier Marivaud, la vie de Marianne, et à ce moment précis, on pourra comprendre que l'histoire d'Adèle n'aura pas de fin heureuse!!

Je spoile, je divulegache, je fais le lourd, mais souvent le voyage est plus intéressant que la distination!

La fin ne sera pas heureuse, pas à cause des actes d'Adèle ou d'Emma, mais à cause ce que qui les définies.
Si le film était mal écrit et réalisé, on pourrait affirmer qu'elles sont définies par leur sexualité.
Dans les faits elles portent sur elles, et j'y reviens enfin (c'est bon les préliminaire!), les stigmates de leurs classes sociales.
La mise en scène le décrit précisément. Adèle est une prolo, Emma une bobo.
La nourriture, la culture, les lieux en témoignent.
Chaque scène autour d'un repas, moment convivial est une mise en lumière de leurs appartenances à une classe différente.
Adèle mange de un grec, des barres chocolatées industrielles, des pâtes. Boit de la bière et du vin de table random...mais apparement il serait bon:
Emma mange des huitres (allusion sexuelle check), boit du vin blanc choisit avec une certaine connaissance.
Les parents d'Adèle estiment que les beaux arts n'offrent pas de débouchés (et les arts moches?), ceux d'Emma s'amusent des choix de carrière d'Adèle. Mépris de classe, oui, dans les deux cas.

Même mépris qu'on retrouve lors de la soirée dans le jardin. Dans ce cas comme dans les autres, on ressent Adèle en décalage. Décalage dût à sa culture, son milieu, sont style et sa façon moins intellectuelle de se questionner sur le plaisir sexuel.
Adèle se met à l'écart du groupe de bobos, pour discuter cinéma américain avec un homme de sa classe social. Son apparence le trahi!
Les prolos parlent de Scorses, les bobos hipster de Klimt! La mise en scène le souligne par la distance entre Adèle et Emma.

Au final elles s'aiment, mais tout les oppose, et rien n'atténuera cette opposition, elles sont le fruit de leur environnement, et quand elles tentent de s'en soustraire rien ne change.
Peut-on guérir d'un environnement qui nous rend malade?
Peut-on changer de classe comment on change de chaussures?

Bref, la Vie d'Adèle est pour moi un drame social avant d'être un hymne progressiste et bien pensant, et c'est ça le génie l’œuvre

Du grand cinéma.